Vingt maires à Montréal, çapâdallure!
29 septembre 2010
Maude
Messier, journaliste au mensuel lAutJournal,
a rencontré la présidente du
syndicat des cols blancs de la ville de Montréal, Monique Côté.
Dans cet entretien, celle-ci explique les enjeux dune campagne
dopinion publique que mène actuellement le syndicat des
fonctionnaires municipaux. Nous reproduisons ci-dessous larticle
de Maude Messier paru la semaine dernière, avec laimable
autorisation de lAutJournal.
Collusion, malversation, gaspillage dargent,
de ressources et dexpertise. Montréal nest plus que lombre
delle-même. Le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal
(SCFP-429) dénonce la complaisance et la cupidité des élus
municipaux avides de protéger leurs pouvoirs.
Lancée le printemps dernier, la campagne dinformation grand public
Montréal, fais une ville de
toi! tapissait la ville de slogans accrocheurs, tels que
20 maires à Montréal,
çapâdallure!
Après les publicités radiophoniques,les affichages et les
distributions massives de dépliants explicatifs, les Cols blancs
invitent maintenant les Montréalais à passer à laction et à signer
une pétition qui «interpelle le maire Tremblay et Jean Charest.
Nous réclamons des modifications à la Charte de la ville de
Montréal», explique Monique Côté,présidente du syndicat, en
entrevue à lAutjournal.
Une Charte sur mesure
Adoptée en 2003 dans la foulée des défusions municipales,
lactuelle Charte de la ville de Montréal résulte dune stratégie
politique de Gérald Tremblay. Espérant conserver au sein de la
métropole le plus grand nombre darrondissements possible malgré
les défusions, il fait en sorte que des pouvoirs accrus leurs
soient consentis.
«La stratégie a échoué. 15 villes
ont défusionné et les 19 arrondissements qui sont restés sont
devenus de vrais petits royaumes qui protègent leurs petits
pouvoirs au détriment des citoyens», commente Mme Côté.
Elle poursuit en précisant que le problème ne se situe pas
tellement au niveau des fusions et des défusions municipales, mais
bien dans l «hyperfragmentation» de la ville ,
résultat de la Charte de 2003.
«Dans une logique financière et
administrative, la ville doit pouvoir regrouper certains services
pour réaliser des économies déchelles. Rien de tout ça nest
possible actuellement à cause de la concentration des pouvoirs
administratifs dans les 19 arrondissements.»
Elle cite en exemple les services des ressources humaines, les
communications, les achats et approvisionnements, les inspections,
les contentieux et les services juridiques, pour ne nommer que
ceux-là. «Tout autant de pouvoirs
de gestion relégués aux arrondissements alors quils étaient
auparavant regroupés à la ville centre. Cest lincohérence
totale!»
Sur le plan syndical, avec 19 cabinets davocats différents, il est
évident linterprétation des conventions collectives peut poser un
sérieux problème.
«Mais le pire, cest que dans
certains cas, en vertu des prérogatives qui leur appartiennent
depuis 2003, certains éléments de nos conventions ne sont même pas
applicables. Cest notamment le cas des horaires flexibles et de la
mobilité de main-duvre négociées au dernier renouvellement, pour
rien finalement.»
Dabord une préoccupation citoyenne
Pour Monique Côté, le partage des pouvoirs entre la ville centre et
les arrondissements doit être revu dans la perspective des intérêts
des citoyens, un processus qui devrait saccomplir en dehors de la
partisannerie.
Elle estime que les Montréalais ne bénéficient pas des services
publics de qualité auxquels ils ont droit puisquils les paient
toujours plus grassement. Les hausses de taxes et de tarifs de
toutes sortes sont englouties dans un véritable «gouffre
financier», résultat dune administration municipale embourbée par
une structure dencadrement à la fois inutile et fort coûteuse.
«Largent des taxes et les
augmentations de tarifs sen va directement dans les structures
dencadrement. Il y a 2020 cadres à Montréal, ce qui représente une
augmentation de 52%. Leur masse salariale a augmenté de 86% en cinq
ans et 600 d’entre-eux gagnent plus de 100,000$ par année!»
La présidente du syndicat souligne que cela fait maintenant six ans
que la ville sert la même soupe aux fonctionnaires et aux citoyens:
«On na pas dargent, il va
falloir couper dans les services. Et geler les salaires des
fonctionnaires, bien sûr. Ce nest pas là que largent va, mais
bien dans les poches des cadres, des entreprises privées avec
lesquelles les arrondissements sous contractent et des
contributeurs aux caisses électorales.»
De par leur travail, les cols blancs sont témoins au quotidien des
ravages de cette structure «qui
ne sert pas les bonnes personnes et gruge les finances au détriment
des services publics.»
Le cynisme nétant certainement pas le remède au mal qui ronge la
politique municipale, le Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal passe à laction. «La
pétition sera en ligne dici peu, la population en sera
informée.Nous serons partout, en action, des bouches de métro aux
conseils darrondissement.»
Pour modifier la Charte de la ville de Montréal, il doit y avoir
une volonté politique à la fois du maire de Montréal et du
gouvernement provincial. «Et
cette volonté ny est pas actuellement parce que ce nest pas
payant politiquement pour eux. La pression des citoyens est
essentielle pour faire bouger les choses.»
Le syndicat enjoint les citoyens à appuyer leurs revendications et
à signer la pétition.