Une fin de lock-out amère pour les débardeurs de Québec
30 avril 2025
C’est avec une grande émotion que le président de la section locale 2614 représentant les débardeurs du port de Québec, Stéphane Arsenault, s’est adressé aux congressistes du SCFP-Québec. Il a fait le bilan du plus long lock-out de l’histoire du SCFP, qui s’achèvera prochainement.
Déclenché le 15 septembre 2022 et d’une durée de 987 jours (32 mois!), ce conflit de travail a évidemment eu des répercussions immenses pour les membres visés, qui ont vécu une multitude de situations humaines difficiles. Maladie, divorce, anxiété, dépression… autant de difficultés qui ont été exacerbées par l’utilisation par l’employeur de briseurs de grève (« scabs »). « De voir passer des gens tous les jours dans ta face pour venir faire ton travail, c’est extrêmement difficile ».
Le principal enjeu à la table de négociation concernait les horaires de travail et la conciliation avec la vie personnelle. L’employeur exigeait que les membres travaillent de 12 h à 16 h par jour et soient tenus d’offrir plus de disponibilités pendant les soirées, les nuits et les fins de semaine, ce qui rendait la vie de famille extrêmement difficile.
Le ministre du Travail impose la fin du conflit
Stéphane Arsenault déplore l’utilisation par le ministre du Travail du Canada de l’article 107 du Code du travail, qui lui donne le pouvoir de décréter la fin d’un conflit de travail et d’imposer un arbitrage exécutoire. Il rappelle que les arbitres se risquent rarement à décréter des conditions de travail normatives dans leurs décisions et se limitent à ce qui concerne les clauses à incidence salariale (« monétaires »).
Dans ces conditions, le président fait état d’une certaine lassitude parmi ses membres, alors que les sacrifices personnels et collectifs qu’ils ont faits ces dernières années n’auront pas permis de régler l’enjeu qui leur était le plus cher. D’autant plus que la question des horaires de travail risque fort de revenir à la table lors de la prochaine ronde de négociation.
La loi anti-scabs comme résultat de leur lutte
Le confrère Arsenault se réjouit néanmoins du fait que le conflit au port de Québec a servi de levier politique afin qu’une loi anti-briseurs de grève soit adoptée par la Chambre des communes. Réclamée de longue date par les organisations syndicales de partout au pays, cette loi constitue un gain important décroché notamment parce que le lock-out au port de Québec a permis d’illustrer auprès des députés à quel point son absence déséquilibre le rapport de force entre employeurs et syndicats.
Un retour au travail prochainement
Stéphane Arsenault se montre reconnaissant envers le SCFP-Québec et remercie les congressistes pour le soutien qui a été démontré par toutes les sections locales. Les dons reçus et la mobilisation ont signifié beaucoup pour les débardeurs de Québec, qui se sont sentis moins isolés : « Vous nous avez permis de nous tenir debout. Merci beaucoup! »
Le président du SCFP-Québec, Patrick Gloutney, a profité de l’occasion pour inviter tous les membres qui le souhaitent de venir former une haie d’honneur pour accueillir les membres du 2614 lors de leur retour au travail, le 15 mai prochain, alors que s’achèvera officiellement le conflit de travail.