Nouvelle mise à jour de «L’Innovation» dénoncée
8 novembre 2004
Les services de recherche du SCFP tiennent à jour un inventaire qui
met en lumière les «innovations» introduites dans notre système de
santé depuis la signature de cette entente. Ce document fait le
point sur l’ensemble du système canadien de santé.
«L’Innovation» dénoncée rapporte les annonces de plus de 90
nouvelles et importantes initiatives de privatisation depuis la
signature de l’Accord sur la santé, alors que les politiques
clamaient haut et fort leur détermination à préserver et améliorer
le système public de soins de santé.
L’inventaire du SCFP évolue au fil des ajouts, ce qui nous permet
chaque fois d’en apprendre plus sur les complexités de la
privatisation. Il ne s’agit pas d’un portrait complet, mais il
permet de se faire une idée claire de l’extraordinaire étendue des
initiatives de privatisation dans le secteur des soins de santé,
tant à l’échelon provincial que local. Le rythme est tellement
rapide que même notre terminologie – et notre façon de décrire et
de classer les diverses formes de privatisation – prend du retard.
Dans sa version actuelle, l’inventaire fait la distinction entre
trois formes de privatisation:
– hôpitaux privés à but lucratif (souvent des P3);
– établissements et services privés (des cliniques par exemple);
– et sous-traitance.
Le retrait de services assurés est, pour l’instant, comptabilisé
avec les «établissements et services privés». Il est probable que
cette façon de faire soit appelée à changer au cours des semaines
et des mois qui viennent, alors que le SCFP et les autres
défenseurs de notre système public de soins de santé continueront à
faire le compte des services qui ne sont plus couverts par les
programmes provinciaux d’assurance-maladie. Le retrait de ces
services constitue une forme de privatisation et il est au centre
de la stratégie des provinces qui cherchent à réduire l’étendue et
la pertinence du système public tout en clamant qu’elles en sont
d’ardents défenseurs.
Les principales sources de cet inventaire sont des articles parus
dans les grands médias et dans des publications spécialisées du
domaine de la santé. Chacune des entrées dans les rubriques
provinciales est un résumé de l’initiative, suivi de sa source. Les
entrées sont classées par genre de privatisation.
La privatisation de la santé
Mais la privatisation est inefficace et elle coûte plus cher. Les
politiques à la recherche de «solutions» privées pour la réduction
des listes d’attente devraient prendre acte des récentes
expériences britanniques dans le domaine. En mai dernier, le
British Medical Journal rapportait que les services
chirurgicaux qui ont été confiés à la sous-traitance au nom de la
réduction des listes d’attente coûtent 40% de plus. De fait, le
Service national de la santé – financé par les contribuables – a
payé près du double pour certaines interventions.
Aux États-Unis, une étude récente comparant les hôpitaux à but
lucratif et sans but lucratif a révélé que les établissements
privés coûtent en moyenne 19% de plus, en raison des frais
d’administration élevés, des primes consenties aux membres de la
direction et de la nécessité de verser des dividendes aux
investisseurs. Mais affirmer que tout demeure en ordre tant que le
système à payeur unique est maintenu devient dramatique lorsqu’on
tente de cacher que les fonds publics servent à gonfler les profits
des sociétés privées et d’une manière constante.
La santé sous contrôle étranger?
La privatisation est aussi dangereuse sous un autre aspect. Plus
nous autorisons la participation d’intérêts privés dans notre
système de soins de santé – services à but lucratif, chaîne de
cliniques privées, hôpitaux appartenant à des investisseurs privés
– plus nous risquons d’ouvrir ce secteur aux investissements
étrangers et donc, de le soumettre aux exigences des ententes
commerciales internationales. Les règles des ententes commerciales
en matière d’investissement et de commerce exigent une présence
commerciale toujours accrue dans tous les secteurs touchés, ce qui,
dans les faits, nous fait courir le risque que les «droits» des
géants américains du secteur de la santé pourraient devenir
irrévocables.