«Un employeur dégueulasse»
23 avril 2008
(MMQ) «Quarante ans de paix syndicale au
Journal de Québec, jamais eu une
grève, pis Péladeau, un moment donné, vient imposer au syndicat un
lock-out sauvage, on coupe les jobs en deux, on défait la qualité
de linformation et pis on vous impose ça et vous allez le prendre,
pis sans négociations… Ben qui mange dla marde!» Direct,
cinglant et convaincant, lex-président de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Henri Massé, est
sorti de sa retraite quelques heures pour livrer un vibrant
plaidoyer devant près de 600 syndiqués de toutes allégeances, hier
matin.
En face des bureaux de lemployeur de la rue
Béchard, le coloré syndicaliste a souligné à plus dune reprise les
façons de faire outrageuses de la haute direction de Quebecor, qui
a mis à la rue 252 employés du Journal de Québec, le 22 avril 2007.
«Le premier enjeu quil y a dans
ce conflit-là, cest lemployeur lui-même! Ça fait longtemps que je
nai pas rencontré un employeur aussi dégueulasse au Québec, aussi
dégueulasse!» a condamné M. Massé.
«Lautre enjeu, cest la qualité
de linformation. Quand on est rendu que ça prend un clavier dune
main, une caméra vidéo de lautre et un kodak dans le cou… Après,
ils vont vous demander de passer le balai? Dites-moi, cest où que
vous allez crisser la moppe? Dans le cul? Ben dans le cul
Péladeau!» a-t-il lancé.
Énumérant les conflits et les fermetures sauvages chez Quebecor au
cours des dix dernières années, dont le lock-out des techniciens de
Vidéotron et celui des pressiers du Journal de Montréal, lex-président
na pas mâché ses mots en parlant du grand patron, Pierre Karl
Péladeau.
«Le bonhomme était pas mal plus
smatte que le fils. Jai négocié avec le père, il était dur. Mais
lui avait compris une chose, cest que ses millions, il les faisait
avec les travailleurs et travailleuses! Pierre Karl Péladeau y
comprend rien de ça, faque lâchez pas!»
Solidarité syndicale
Visiblement impressionné par la foule rassemblée pour souligner le
triste anniversaire de cette première année de lock-out, le
porte-parole des 252 employés en conflit du Journal de Québec, Denis Bolduc, na
pas manqué de rappeler le contexte qui prévalait avant que
lemployeur cadenasse lentreprise.
«Des profits de 25 millions, un
tirage qui était la plus forte progression au pays, les ventes, les
revenus publicitaires en hausse constante pendant 10 ans avant le
lock-out. Il ny a pas de raison à ce conflit-là», a déploré
M. Bolduc, précisant que, dans le passé, des concessions avaient
été faites par les employés afin de permettre à lentreprise de
devenir le numéro un à Québec.
Campagne dintimidation, provocation, le lock-out a été orchestré
de toutes pièces depuis le dernier étage dune tour de la métropole
par un seul homme, a déclaré le porte-parole. Le conflit, qui
nétait pas personnalisé, prend soudainement les traits du grand
manitou qui se cache derrière: Pierre Karl Péladeau.
«On a évité de le nommer pendant un an pour ne pas envenimer le
dossier. On le nomme aujourdhui parce que, visiblement, il le
prend personnel!»
Denis Bolduc a souligné lengagement moral quavait pris le père
Péladeau jadis, avec ses employés, aujourdhui rompu par sa
descendance.
«On va « tuffer » ce conflit-là le
temps quil faudra, mais un jour, un jour, il va revenir à la table
de négociation avec de vraies intentions de négocier, et ce
jour-là, on y sera et on va signer quand ça va faire notre affaire
à nous autres!» a conclu Denis Bolduc.