Un économiste du SCFP confirme la justesse de l’analyse du vérificateur général
17 juin 2010
Le mercredi 16 juin, le quotidien La Presse publiait une lettre de
Monsieur Marcel Boyer intitulée Trop compliqués pour nous, les PPP?
Lauteur, professeur de sciences économiques à l’Université de
Montréal, prétend que le vérificateur général du Québec aurait dû
sintéresser aux vrais enjeux plutôt que de «s’acharner sur les deux soi-disant « erreurs »
des études que seraient l’exagération du taux de vétusté des
infrastructures publiques et le taux d’actualisation trop
élevé».
Dans le texte qui suit, Pierre-Guy Sylvestre, économiste à l’emploi
du SCFP, répond aux arguments avancés par Marcel Boyer.
Voyons pourquoi les arguments de monsieur
Boyer ne tiennent pas la route.
Taux de vétusté physique
Lhypothèse posée par Infrastructure Québec était tellement forte
quun immeuble construit en mode traditionnel «souffrirait dun déficit dentretien et de
renouvellement des actifs correspondant à un indice de vétusté de
20 p. cent dès la première année de mise en service.»
(Vérificateur général du Québec, 2010, p. 5). Monsieur Boyer semble
pourtant trouver ces hypothèses réalistes. Par contre, les experts
consultés par le vérificateur affirment que cet indice était plus
de trois fois trop élevé. Comparer lhôpital Saint-Luc à la Place
Ville-Marie, comme le fait M. Boyer, ne démontre en rien la
justesse des hypothèses dInfrastructure Québec.
Taux dactualisation
Le choix du taux dactualisation peut faire toute la différence
dans les analyses de valeur ajoutée. Un taux plus élevé favorisera
les PPP étant donné que les paiements sont échelonnés sur une
période plus longue que si le projet était en mode conventionnel.
Le professeur Pierre J. Hamel, de lInstitut national de la
recherche scientifique, en arrivait dailleurs à la même conclusion
(Pierre J. Hamel, 2010. Un
hôpital en partenariat public-privé (PPP): un pari trop
risqué, Institut national de recherche scientifique, 302
p.). Le chercheur allait même plus loin en affirmant que le taux de
6,5% restait trop élevé puisque celui-ci aurait dû être égal au
taux auquel lÉtat réalise ses emprunts.
Le professeur Hamel rappelle également quau Royaume-Uni, un
rapport de Deloitte & Touche UK, publié en 2008, expliquait que
les hôpitaux en PPP pourraient coûter cher: «Dans le cas des hôpitaux en PPP, tout
changement apporté aux infrastructures ou aux services devra être
négocié avec le partenaire privé. Étant donné que celui-ci est en
position de force, ce peut être difficile et coûteux.»
(Pierre J. Hamel, 2010, p.122-123).
Trop chers pour nous, les PPP? Oui.