Un budget qui répond aux commandes de l’opposition
20 novembre 2012
À la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ), la déception est grande. Présent à
Québec pour létude des documents budgétaires, le président de la
centrale syndicale, Michel Arsenault, na pas hésité à montrer son
désappointement à l’égard d’un budget visiblement fabriqué pour
plaire aux agences de notation et aux partis de lopposition.
«Le budget 2013-2014 présenté
aujourdhui par Nicolas Marceau est loin de répondre à nos
attentes. Oui, il est question de redevances minières, de deuxième
et de troisième transformation, de stimulation de linvestissement,
mais toutes les marges éventuellement dégagées sont promises au
Fonds des générations. Après lobsession du déficit zéro, on est en
train dassister à lobsession de la réduction de la dette,
soi-disant pour des raisons intergénérationnelles. Mais le meilleur
héritage quon peut laisser aux générations actuelles et futures,
cest une société qui peut leur assurer de bons emplois, des
activités économiques prometteuses ainsi que des systèmes publics
de santé et déducation de qualité, où lÉtat joue pleinement son
rôle.
«Réserver au Fonds des
générations lensemble des redevances minières, les revenus
associés à la taxation des boissons alcoolisées, les économies
liées à la fermeture de la centrale Gentilly-2 ainsi que les sommes
recueillies à même lindexation du prix de lélectricité
patrimoniale, ça na aucun bon sens. Ajoutez à cela la réduction de
1,5 milliard de dollars par année dans les dépenses
dinfrastructures, et vous avez tous les ingrédients pour flatter
dans le bon sens du poil les Standard and Poors ou Moodys de ce
monde, pour qui les bilans financiers priment sur la production et
la distribution réelles de la richesse.
«On a
beaucoup de difficulté à voir quon a changé de gouvernement.
Laccroissement des budgets alloués aux services publics,
principalement dans la santé et léducation, est insuffisant pour
satisfaire les besoins grandissants de la population et ce sont
également nos membres, dans les secteurs public et parapublic, qui
en font les frais. Les promesses se sont envolées en fumée, comme
cest le cas de la taxe santé. Quant à linstauration de régimes
volontaires dépargne retraite qui déresponsabilisent les
employeurs, on croirait entendre Raymond Bachand. Cest on ne peut
plus décevant.»
Le président de la FTQ dénonce vertement les pertes de postes de
2000 personnes à Hydro-Québec. «Même par attrition, cette réduction va
priver la société dÉtat de ressources indispensables. Il ne
faudrait pas que notre réseau électrique soit à limage de notre
réseau routier.»
Si le budget contient quelques mesures positives, comme lajout de
places en garderies et la construction de logements sociaux,
dautres soulèvent par ailleurs des questionnements. «Cest bien beau de voir que les entreprises
investissant 300 millions de dollars ou plus dans certains projets
profiteront de congés fiscaux pour dix ans, mais il aurait été
beaucoup mieux de lier cette mesure à la création demplois.
«Une chose est certaine, je ne
crains pas que le gouvernement Marois soit défait avec ce budget,
qui aurait pu être écrit tant par la CAQ que par les
libéraux», a conclu Michel Arsenault.
La FTQ, la plus grande centrale syndicale au Québec, représente
plus de 600,000 travailleurs et travailleuses.