«Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. C’est exactement ce que Corus et Astral tentent de faire avec CKAC.»
15 août 2004
président du syndicat de CKAC, lors du point de presse de ce matin.
Photo André Périard
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«Nous demandons
formellement au Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes (CRTC) de bloquer la transaction par
laquelle CORUS Entertainment veut mettre la main sur la plus
ancienne station radiophonique francophone privée au monde.
«Le CRTC ne doit pas cautionner le démantèlement d’une station
de radio qui est inscrite dans le quotidien des Montréalais depuis
80 ans, une station qui fournit à quelque 655,000 auditeurs des
émissions d’information et d’affaires publiques qui l’ont propulsée
au premier rang des stations généralistes, devançant même la radio
publique», a exhorté le président de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), M. Henri Massé, lors
d’un point de presse, ce matin à Montréal.
Rappelons que
les artisans de CKAC et le SCFP ont produit un mémoire et
demandent à être entendus par le CRTC le 7 septembre prochain à
Gatineau.
Connivence entre Astral et Corus
«La connivence entre le propriétaire actuel, Astral Média, et
l’entreprise albertaine Corus pour vider CKAC de sa substance en
terme d’information et de revenus publicitaires, au mépris même des
conditions de licence actuelles ne dupe personne.
Ces deux entreprises
médiatiques disposent en effet de stations sur la bande FM qu’ils
voudraient faire prospérer sur les cendres de CKAC. Comment
expliquer autrement les arguments imaginatifs fournis au CRTC quant
à la rentabilité de la station CKAC, à son rayonnement et au rôle
essentiel qu’elle joue à Montréal et partout au Québec avec le
réseau Radiomédia», a fait valoir pour sa part Jules Bordeleau,
président du Syndicat des employés de CKAC qui représente 54
employés dont 20 journalistes, tous membres du Syndicat canadien de
la fonction publique (SCFP-FTQ).
Astral laisse aller la valeur de l’actif de CKAC
«Nous n’accepterons pas qu’au nom d’intérêts strictement
commerciaux on fasse disparaître d’un trait de plume comptable un
pan entier du patrimoine culturel québécois et une source
importante d’information de première ligne.
«Astral a le culot de dire aujourd’hui que les jours de la bande
AM sont comptés, sous-entendant que le décompte est entamé pour la
disparition de CKAC, alors qu’elle a elle-même pavé la voie à la
dévaluation de l’actif de CKAC en libérant son animateur vedette de
son contrat d’emploi, en bloquant les pourparlers pour l’embauche
d’un autre animateur en vue, en mettant fin à des émissions
d’information et d’affaires publiques très écoutées.
«Heureusement, des animateurs et journalistes compétents ont
réussi à faire mentir ceux qui prédisaient une forte chute des
cotes d’écoute en raison d’un laisser-aller actif d’Astral», a
ajouté M. Bordeleau.
Le droit à l’information
«En ces temps où on parle beaucoup de liberté d’expression,
peut-être devrions-nous nous attarder à l’un des fondements
essentiels à toute démocratie qui se respecte, le droit à
l’information», a indiqué Jacques Denommé, président du Conseil
provincial du secteur des communications du SCFP.
Rappelons que, dans son plan d’affaire pour CKAC, Corus veut:
– procéder à la quasi-fermeture de la salle des nouvelles
nationales et locales en ne conservant que trois des 20
journalistes à Montréal, incluant la disparition des correspondants
parlementaires tant à Québec qu’à Ottawa;
– réduire la production de nouvelles à CKAC la faisant passer de 16
heures 36 minutes à 6 heures 18 minutes par semaine;
– abolir les émissions d’affaires publiques.
Pour le maintien des conditions de licence actuellement en
vigueur
«En demandant au CRTC de bloquer cette transaction, nous lui
demandons ni plus ni moins que de maintenir les conditions de
licence actuellement en vigueur, conditions que le Conseil jugeait
minimales lors de leur imposition», a repris Jules Bordeleau.
«Au-delà des emplois en jeu, même si la question est
d’importance, c’est à l’appauvrissement du débat public et au
tarissement des sources d’information différentes que nous nous
attaquons dans ce dossier auquel devraient s’intéresser tous les
secteurs de notre société».
Une démocratie sérieusement enrhumée?
«Lorsque le comportement monopolistique de gros joueurs comme
Astral et Corus, en mal de parts de marché publicitaire, dicte la
voie à suivre quant à la qualité et à la quantité d’informations
que pourront recevoir les citoyens et citoyennes, on peut sans
conteste affirmer que notre démocratie est sérieusement enrhumée,
pour le moins», a conclu Henri Massé.
La FTQ, la plus grande centrale syndicale québécoise, compte plus
d’un demi-million de membres dont quelque 8000 dans le secteur des
communications. De ce nombre, 7000 sont représentés par le SCFP.