« Tout pour tenter de faire oublier les mesures d’austérité ! » — Daniel Boyer, président de la FTQ
27 mars 2018
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) réagit à ce nouveau budget du ministre des Finances, Carlos Leitão, avec une certaine appréhension. « Malgré les montants substantiels annoncés en santé, en éducation et dans les programmes sociaux, cela comble à peine les milliards de dollars coupés par les libéraux au fil des ans dans ces mêmes programmes. Si, en cette année électorale, le financement des coûts de programmes atteint presque 5 %, tout ça retombe à moins de 3 % les années suivantes. Cela fait en sorte que ces secteurs restent sous-financés, pourtant l’argent est là. Par ailleurs, il est consternant de voir le gouvernement Couillard s’entêter à financer le Fonds des générations, de l’argent qui serait plus utile dans les services publics », déclare le président de la FTQ, Daniel Boyer.
S’il faut se réjouir de la mise en œuvre des annonces des investissements, par exemple en culture, dans la transformation numérique de la presse écrite, en environnement et pour la transition énergétique, il faut cependant espérer que le financement suivra au fil des ans et que ce n’est pas uniquement une opération électorale à l’approche du scrutin.
La Stratégie nationale de la main-d’œuvre 2018-2023 : des investissements conséquents
La FTQ salue l’intention du gouvernement d’investir 810 M$ sur 5 ans, dont 277 M$ qui seront consacrés au développement d’une main-d’œuvre compétente. « Le Québec est confronté à des défis de taille, notamment à la numérisation de l’économie. Les perspectives de croissance économique sont très intéressantes, mais celle-ci doit permettre de créer des emplois de qualité pour tous et toutes et non pour une minorité d’individus ayant des compétences élevées. Les mesures gouvernementales proposées offriront de meilleures chances d’emploi à tous et à toutes », déclare Daniel Boyer. Reste à connaître les détails de cette stratégie qui sera ultérieurement dévoilée.
Obligation de percevoir la TVQ : un pas vers une plus grande équité fiscale
La FTQ se réjouit que le gouvernement ait vraiment tenu ses promesses d’assurer l’équité fiscale entre les grandes multinationales de l’économie numérique et les entreprises nationales. « Il s’agissait d’une situation totalement injuste : en n’obligeant pas ces entreprises à percevoir les taxes à la consommation, ces multinationales, pour la plupart américaines, disposaient d’un avantage concurrentiel indu. Il faudra cependant voir comment Québec mettra en œuvre cette taxe », mentionne le président.
Les régions ont été entendues
Plusieurs mesures annoncées auront un impact structurant sur le tissu industriel des régions. Des sommes seront notamment investies dans la diversification économique et le renforcement des secteurs forestier et minier au cours des cinq prochaines années. Plusieurs projets d’infrastructures (réfection des aéroports régionaux, prolongement de la route 138, etc.) dynamiseront assurément les différentes régions du Québec.
Un allégement fiscal pour les PME : pour soutenir la création d’emplois
La FTQ a toujours été préoccupée par le déséquilibre qui existe entre les PME et les grandes entreprises en ce qui a trait aux cotisations sociales. La centrale accueille favorablement les mesures visant à réduire le fardeau fiscal des PME. Toutefois, il aurait été préférable que le gouvernement n’emprunte pas la voie d’une baisse de la cotisation au Fonds des services de santé (FSS), car celle-ci finance un secteur névralgique du Québec, la santé. La FTQ aurait souhaité une hausse de la contribution des grandes entreprises ayant une plus grande capacité de payer pour contrebalancer cette baisse. « Les PME sont au cœur du processus de création d’emplois et participent à la modernisation et à la revitalisation du tissu économique dans toutes les régions du Québec. Il est important de préserver la vitalité des PME et leurs capacités concurrentielles », conclut le président.
La FTQ, la plus grande centrale syndicale au Québec, représente plus de 600 000 travailleurs et travailleuses.