«Malheureusement, la question est loin d’être vidée, les problèmes referont surface tôt ou tard»
26 février 2013
Pour la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ), le consensus établi sur la nécessité
de plusieurs chantiers de travail et sur les suites à donner à
trois des quatre thèmes de discussion au cours du Sommet sur
lenseignement supérieur ne doit pas occulter la polarisation des
positions quant à lavenir des droits de scolarité et
laccessibilité à tous les niveaux de léducation.
«Tout dabord, a dit le
secrétaire général de la FTQ, Daniel Boyer, jaimerais exprimer ma profonde déception,
car jai osé croire, comme on nous lavait annoncé à linauguration
de ce sommet, que tout était sur la table, tout! Jai bien été
obligé de constater le contraire: la question de lindexation
nétait pas sujette à la discussion, le gouvernement en avait déjà
disposé, une fois pour toutes.
«Il ne faut surtout pas
oublier, a-t-il poursuivi, que le but annoncé de ce sommet était de
répondre à la crise suscitée par le mouvement étudiant au printemps
2012, un mouvement ordonné autour de la question des droits de
scolarité. Que les uns revendiquent le gel des frais de scolarité
ou que dautres réclament plutôt la gratuité scolaire, comme nous à
la FTQ, tous sentendaient pour réitérer laccessibilité
universelle au système déducation, à tous les niveaux et sans
égard au niveau de revenus. On ne peut en dire autant des
promoteurs dune hausse des frais de scolarité.
«La question
dune contribution supplémentaire des étudiants et étudiantes est
de la même nature que celle de la contribution demandée aux usagers
du système de santé, décriée par la majorité de la population, de
même que par le Parti Québécois jusquà tout récemment.
«On aura beau dire que lindexation des droits de scolarité
proposée est un moindre mal, il reste quelle rompt avec la
conception qui voulait que les frais de scolarité imposés à
lorigine soient précisément gelés afin den arriver à une
accessibilité gratuite. Dès lors que lindexation est de mise,
cest à la fin de cette conception que nous assistons. Une
conception qui voulait que le Québec se démarque en offrant à sa
population des services publics accessibles et de qualité, financés
par les impôts de lensemble des contribuables selon un système
fiscal progressif équitable pour tous.»
?
Deux poids, deux mesures
Daniel Boyer ajoute quavec une indexation de 3% (fondée sur
lévolution du revenu disponible plutôt que sur lindice usuel du
coût de la vie) ? que le gouvernement présente comme une forme de
«gel» ?, ce dernier fait un pied de nez aux syndicats des secteurs
public et parapublic. «On est
plutôt habitué à se faire imposer un gel quand on demande une
indexation de nos salaires!», a-t-il dit.
Le dirigeant de la FTQ a également décrié le fait que le
gouvernement a prévu que le chantier de travail sur le financement
des universités se penchera sur léventualité dune modulation des
frais de scolarité, mais quil écarte du revers de la main la
discussion et la mise sur pied dun chantier sur la gratuité.
Les aspects positifs
Cela dit, la délégation de la FTQ au sommet, composée de Pierre
Ménard-Tremblay de lAlliance de la fonction publique du Canada
(AFPC), de Carole Neill du Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP) ainsi que de Daniel Boyer, est davis que les
nombreux chantiers de travail, si on sen donne la peine, devraient
aboutir à la mise sur pied dune loi-cadre sur les universités,
avec tous les aspects qui peuvent la caractériser : qualité de
lenseignement et de la recherche, gouvernance, reddition de
comptes, formation continue, Conseil national des universités,
soutien aux étudiants, rôle de lensemble du personnel, etc. Une
véritable politique sur la recherche et linnovation ainsi que la
détermination des modalités de financement doivent également être
le fruit de travaux immédiats et soutenus de la part de lensemble
de la collectivité. Par ailleurs, la FTQ salue louverture du
gouvernement dans les derniers moments du sommet en acceptant
douvrir les discussions sur les frais afférents (frais
institutionnels obligatoires (FIO)) dans le cadre du chantier sur
la formule de financement des universités.
«La FTQ et ses syndicats affiliés offrent leur entière coopération
dans ce processus et souhaitent participer à chaque étape des
travaux annoncés», a conclu la délégation de la FTQ au
sommet.