Si t’es pas du bon bord (bis)
12 septembre 2007
(MMQ) – Après certains artistes quebecoriens
difficiles daccès, voilà que lancien premier ministre Brian
Mulroney se laisse porter par la seule vague de la convergence,
constatation inquiétante pour toute personne soucieuse davoir
accès à une information diversifiée.
Le ptit gars de Baie-Comeau vient de sortir son autobiographie,
intitulée Brian Mulroney, mémoires, publiée aux Éditions de lHomme
(Quebecor). Dans les journaux de Quebecor, sur le site Canoë de
Quebecor, dans les magasins Archambault de Quebecor, bref, partout
chez Quebecor, le livre de 1200 pages est mis de lavant et jouit
dune place de choix. Dimanche soir, à TVA, une autre entreprise
quebecorienne, Paul Arcand sest entretenu avec lex-premier
ministre en exclusivité à son émission.
Tout cela, on le comprend bien lorsque lon
sait que lancien porte-parole de M. Mulroney est M. Luc Lavoie,
actuellement vice-président aux communications chez Quebecor, et
que M. Mulroney lui-même est membre du conseil dadministration
de… Quebecor, vous avez deviné.
Il y a danger
Que Quebecor mette toute la puissance de sa machine pour vendre ce
livre, cest de bonne guerre. Une entreprise privée, dans un
système comme le nôtre, peut le faire. Par contre, dans les jours
qui ont précédé le lancement, personne, sauf les Quebecoriens, ne
pouvait avoir accès au livre ou à M. Mulroney. Et le danger, cest
là quil se trouve. Le chroniqueur du quotidien montréalais
La Presse, Vincent
Marissal, la constaté et en a fait le sujet de sa chronique dhier
(11 septembre), chronique intitulée La québécorisation de M. Mulroney.
Voici quelques extraits de cette chronique:
«En un mot, Brian Mulroney est devenu un produit Quebecor, et comme
La Presse fait partie de lempire ennemi, eh bien, tant pis pour
ses journalistes. Remarquez, Radio-Canada ou TQS nont pas eu droit
non plus à un avant-goût des mémoires de Mulroney. Que Quebecor
lance des opérations de convergence pour vendre ses produits, cest
tout à fait légitime. Il faut dailleurs reconnaître que lempire
de PKP fait ça avec une redoutable efficacité en mettant à
contribution ses journaux, ses chaînes de télévision, ses maisons
dédition, ses librairies et magasins de disques, sa compagnie de
câble et autres produits dérivés. Le problème ici, cest quil
sagit de Brian Mulroney, un ancien premier ministre, pas de
Nathalie Simard.»
Du déjà-vu
À MédiaMatinQuébec, nous
avions déjà été témoins des dangers de la convergence
quebecorienne. Le 10 juillet, dans une chronique intitulée Si tes pas du bon bord, ton chien est
mort, je
rapportais quau moins à trois reprises, des artistes sous contrat
avec Quebecor ou sa filiale Musicor avaient refusé daccorder des
entrevues à nos journalistes lockoutés, pour ne pas risquer de
déplaire à Quebecor.
Bienvenue dans le club des exclus, M. Marissal. Et je suis daccord
avec vous. Cest très inquiétant lorsquune grosse machine comme
celle de Quebecor met toute la gomme pour vendre un produit, en
contrôler la diffusion et sassurer quun seul message soit
martelé. Et merde pour la diversité des sources dinformation ou la
critique.
À MédiaMatinQuébec, nous
allons quand même tenter dobtenir une entrevue avec M. Mulroney et
nous vous tiendrons au courant…
Daniel Paquet
Rédacteur en chef
MédiaMatinQuébec
Hyperliens en rapport avec cette
nouvelle
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Chronique de Vincent Marissal
(La Presse, 11 septembre
2007)
http://www.cyberpresse.ca/article/20070911/CPOPINIONS05/709110454/6748/CPOPINIONS05
Chronique de
Daniel Paquet du MédiaMatinQuébec du 10
juillet 2007
http://www.mediamatinquebec.com/?Section=infonego&id=10