Les négociations en vue du renouvellement de la convention collective des 47 employé(e)s cols blancs et cols bleus de la Ville de Rivière-Rouge sont dans une impasse.
Les pourparlers ont commencé le 29 avril 2024. Depuis ce jour, on dénombre sept rencontres de négociation dont le point culminant a été la nouvelle proposition globale de l’employeur. Une grande majorité des points monétaires sont refusés sans même faire l’objet de contre-propositions. Les offres salariales de l’employeur se situent à hauteur de 24 % sur six ans. Les salarié(e)s demandent un rattrapage salarial de 17 % en plus d’augmentations de 14 % sur cinq ans.
Les travailleurs et travailleuses de la Ville de Rivière-Rouge sont les parents pauvres de la région. La Ville se vide de ses employé(e)s par manque de conditions satisfaisantes et plusieurs ont exprimé leur volonté de quitter le bateau d’ici quelques semaines.
Mis au courant de l’immobilisme de la Ville, les membres sont de plus en plus en colère.
Alors que les parties sont d’accord pour augmenter les salaires des employés de 14 % pour l’année 2024, elles ne s’entendent pas sur les quatre années suivantes. Il subsiste un écart de 9 % entre les augmentations que la Ville est prête à octroyer, et celles demandées pour les employés.
Pourquoi le syndicat demande-t-il de telles augmentations ?
Parce que les travailleurs et les travailleuses de Rivière-Rouge sont payés nettement en dessous de la moyenne régionale pour des municipalités de taille similaire. Ni plus ni moins. La population croit à tort que toutes les municipalités offrent un salaire égal pour une même fonction exercée, mais c’est faux. Pour l’année 2024, l’écart entre les salaires octroyés par Rivière-Rouge et certaines municipalités des Laurentides peut aller jusqu’à 25 %. Alors que l’augmentation de la première année permet aux salariés de se rapprocher de cette moyenne, l’écart demeure important et l’objectif est d’obtenir la parité salariale avec les comparatifs régionaux. Or, les propositions de l’employeur condamnent les travailleurs et les travailleuses qui offrent les services municipaux à demeurer les enfants pauvres de la région, et éventuellement, à quitter la ville et aller offrir leur expertise ailleurs au grand détriment des citoyens et des citoyennes.
Et pourquoi la Ville refuse-t-elle?
En décembre 2022, le conseil municipal de Rivière-Rouge, voyant le manque à gagner dans les revenus de la municipalité, a voté des redressements de taxes de 25 % pour le budget 2023, tout comme certaines municipalités avoisinantes. Malheureusement, à la suite d’une pétition des citoyens et des citoyennes, le conseil municipal a fait volte-face et en réalité, n’a majoré les taxes que de 12 % sachant très bien que cette augmentation ne serait pas suffisante pour combler le manque à gagner.
La solution du maire ? Couper. D’abord dans le personnel-cadre, ensuite dans certains postes qui assuraient les services aux citoyens. Finalement, il a tenté de couper dans le nombre de sorties annuelles de déneigement, mais a dû faire volte-face encore une fois à cause de la pression populaire. Son dernier recours ? Ne pas rémunérer les travailleurs et les travailleuses de Rivière‑Rouge à la hauteur du travail réellement effectué.
Le maire estime que pour répondre à nos demandes, il devrait augmenter les taxes municipales de 11 %. On refuse de faire les frais des erreurs de calcul du conseil municipal qui a pris la décision de réduire de 25 à 12 % la majoration des comptes de taxes plutôt que d’expliquer à la population la nécessité pour la municipalité de se doter des revenus nécessaires à son bon fonctionnement. Ce 13 % manquant règlerait non seulement notre écart salarial, mais permettrait de bonifier l’offre de service aux citoyens et aux citoyennes de la Ville.
Les travailleurs et les travailleuses de la Ville de Rivière-Rouge n’ont pas à payer pour le manque de courage du Maire.
En attendant, le recrutement est difficile parce que les conditions salariales sont dans les plus basses dans la région. Les travailleurs et même des cadres embauchés quittent leurs postes après quelques jours pour de meilleures conditions. Même les personnes d’expériences, qui ont de nombreuses années d’ancienneté, démissionnent à défaut de voir leurs conditions s’améliorer en mettant en péril la qualité des services offerts par la Ville.
Le résultat ? Les citoyens et les citoyennes critiquent le travail employé(e)s des cols bleus et cols blancs sans savoir que les décisions prises par le conseil municipal les empêchent d’offrir un service adéquat. En ce moment même, il manque de personnel de cols bleus pour maintenir le service de déneigement qui est un service essentiel pour la population. Est-ce que le conseil municipal choisira d’utiliser de la sous-traitance? Cette décision pourrait coûter encore plus cher aux citoyens et aux citoyennes de la ville. Après avoir étudié la chose, de nombreuses municipalités des Laurentides qui utilisaient la sous-traitance pour le service de déneigement ont choisi d’acheter les véhicules et d’embaucher des travailleurs et travailleuses à l’interne parce qu’elles se sont aperçues que c’était plus profitable financièrement.
Les travailleurs et travailleuses syndiquées du SCFP, section locale 2867, sont fiers de servir la population, mais pas à n’importe quel prix.
Le personnel n’a pas à payer pour les erreurs de calcul de la Ville de Rivière-Rouge.