Des données préoccupantes pour l’État québécois et ses employés
30 novembre 2011
L’étude de l’Institut de la Statistique du
Québec (ISQ) rendue publique ce matin montre que les salaires et la
rémunération globale des employés de l’administration québécoise
accusent toujours un écart par rapport à l’ensemble des autres
salariés québécois.
Loin de diminuer, le retard salarial des employés de l’État
québécois s’est plutôt creusé au cours de la dernière année: le
salaire versé pour un même emploi dans le secteur public est
inférieur de 11,3% en moyenne par rapport au salaire octroyé
partout ailleurs. L’écart varie fortement d’un titre d’emploi à
l’autre. Par exemple, un ouvrier de l’administration publique
accuse un retard salarial de 28,9% par rapport à un ouvrier du
secteur privé.
Importante pénurie de la
main-d’oeuvre à prévoir
Les indications laissent entrevoir des difficultés croissantes pour
l’État à attirer et retenir les services de personnels hautement
qualifiés dans le contexte de pénurie de main-d’uvre qui se
profile. Avec le recours accru à la sous-traitance, aux PPP, les
transferts de mandats au privé, le non-remplacement d’un départ à
la retraite sur deux dans la fonction publique et les services
administratifs des réseaux, et les autres compressions de tous
ordres, le gouvernement est en train de dépouiller l’État de la
capacité de s’acquitter de ses missions. Il se place en situation
de perdre l’expertise nécessaire au bon fonctionnement de nos
institutions et à la livraison de services publics de haute qualité
auxquels la population a droit.
«Les données de l’ISQ démontrent
que les salaires des employés, tout comme leur retraite d’ailleurs,
sont loin d’être aussi avantageux que ce que certains avancent. Au
contraire, l’écart avec les autres salariés du Québec se creuse
d’année en année», a précisé Jacques Létourneau,
vice-président de la CSN.
En ce qui a trait à la rémunération globale
(notion qui inclut le salaire, les avantages sociaux et les heures
travaillées), l’écart avec l’ensemble des autres salariés québécois
se creuse lui aussi. La rémunération globale des salariés de
ladministration québécoise est en retard de 6,1% sur celle des
autres salariés québécois dans lensemble des emplois repères. Le
retard est par exemple de 50,4% pour un préposé aux
télécommunications, de 38% pour un magasinier, de 28,9% pour un
ouvrier et de 23,1% pour un analyste en informatique.
Manque d’incitatifs à faire carrière dans la fonction
publique
Selon l’ISQ, les secteurs public et privé sont estimés être à
parité en ce qui a trait à la rémunération globale, et ce, pour une
deuxième année. Cela signifie que l’État québécois n’offre plus
aucun incitatif aux salariés qui souhaitent y faire carrière. Dans
des circonstances de criante pénurie de main-d’uvre, on comprend
mal que l’État tolère une telle situation. Les circonstances
actuelles ont aussi pour conséquence une perte d’expertise
alarmante et un recours accru à la sous-traitance, ce qui entraine
des coûts additionnels.
Pour les organisations syndicales regroupant la majorité des
employés de l’État, il n’est surtout pas question de baisser les
bras. «À voir les résultats de
l’ISQ pour les ouvriers, on aurait pu s’attendre à ce que les
travaux du comité sur la situation des ouvriers spécialisés mis
sur pied lors de la dernière négociation avancent plus
rapidement. On voit ici l’urgence de mener à terme ces travaux
puisque leur situation est particulièrement préoccupante», a
commenté Régine Laurent, porte-parole du SISP.
Pour Daniel Boyer, secrétaire général de la FTQ, «la politique de non-remplacement d’un
effectif sur deux lors de départs dans le secteur public commence à
envenimer passablement la situation. Plus cette politique se
prolonge, moins il y a de ressources, à un point où le
non-remplacement d’une personne sur deux finit par rétrécir les
effectifs comme peau de chagrin. Le gouvernement y perd en
expertise, en compétences et en qualité des services. Il faut en
finir avec cette politique.»