Le retard s’accentue
30 novembre 2010
Selon l’Institut de la statistique du Québec
(ISQ), le retard salarial des employés des réseaux de la santé et
des services sociaux, de l’éducation et de la fonction publique
s’est creusé davantage au cours de la dernière année. Pour la
première fois, l’étude de l’ISQ montre que les salaires dans
l’administration québécoise sont inférieurs à ceux de tous les
autres secteurs, y compris dans les entreprises privées non
syndiquées. Au chapitre de la rémunération globale, secteurs public
et privé sont maintenant à parité complète : l’État québécois
n’offre plus aucun incitatif aux salariés qui souhaitent y faire
carrière. Dans toutes les catégories d’emplois, à l’exception des
employés de service, l’État employeur est à la traîne. Dans le cas
d’un ouvrier, travailler dans le secteur public veut dire accepter
un salaire inférieur de quelque 31 %.
Aux fins de son enquête annuelle, l’ISQ
compare la rémunération offerte pour divers emplois comparables
dans le secteur public québécois et dans les autres secteurs
d’activité. Notons que l’Institut n’a pas tenu compte de
l’augmentation de 0,5 % prévue dans le secteur public, étant donné
que les conventions collectives ne sont pas encore signées. On y
apprend notamment que le salaire versé pour un même emploi dans le
secteur public est inférieur de 10,4 % en moyenne par rapport au
salaire octroyé partout ailleurs. Ce retard était de 8,7 % il y a
un an. Si l’on prend en considération les avantages sociaux, par
exemple le régime de retraite et les heures de travail – ce qu’on
appelle la rémunération globale -, le retard se chiffre à 5,6 %
alors qu’il était de 3,7 % un an plus tôt.
Il faut cependant signaler qu’au cours de la dernière année,
l’écart salarial de l’administration québécoise par rapport au
secteur privé est toujours en hausse, passant de 6,0 % à 7,0 %.
Mais c’est surtout par rapport au secteur « autres publics », qui
comprend notamment les sociétés d’État, le fédéral et les
municipalités, que le retard salarial de l’administration
québécoise s’est creusé, passant de 13,5 % à 16,7 %.
Un redressement progressif
L’entente conclue ces derniers mois entre le Front commun et le
gouvernement prévoit un redressement progressif des salaires. En ce
sens, les organisations syndicales ne sont pas surprises de voir ce
retard s’accentuer dans un premier temps. On peut penser que sur la
durée de la convention collective de cinq ans, l’écart avec le
secteur privé se stabilisera, à défaut de se résorber.
Néanmoins, afin de préserver sa capacité d’attirer et de retenir
une main-d’uvre des plus qualifiées en contexte de pénurie
criante, l’État devra tôt ou tard accepter de revoir avec les
syndicats l’ensemble de sa structure salariale sinon, ce sont les
services qu’il assure qui se trouveront en péril.
Pour les organisations syndicales formant le Front commun, il n’est
pas question de baisser les bras. «Le mythe des « privilégiés », j’espère que
c’est du passé. Il fut un temps où l’État se faisait un devoir
d’offrir de bonnes conditions de travail. Maintenant, c’est loin
d’être le cas», affirme la porte-parole du Secrétariat
intersyndical des services publics (SISP), Régine Laurent.
«Les nombreuses compressions,
gels et récupérations salariales ont mis à mal notre capacité
d’offrir des services accessibles et de qualité. C’est toute la
logique néolibérale que nous pointons du doigt aujourd’hui»,
d’ajouter le vice-président de la Confédération des syndicats
nationaux (CSN), Louis Roy. «J’invite les travailleuses et les
travailleurs de l’État et toute la population à se préparer dès
maintenant pour une bataille de longue haleine que nous n’avons pas
le droit de perdre, pour notre avenir et celui de nos
enfants», conclut le président de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Michel
Arsenault.