Relancer la télévision canadienne
7 décembre 2009
«Monsieur Harper, la réponse est
oui!» Cest la réponse quoffrira ce matin le Syndicat
canadien de la fonction publique (SCFP) à la question posée par le
gouvernement conservateur sur la pertinence doffrir une
compensation financière aux télévisions généralistes pour la
diffusion de leur signal. Au cours des prochains jours, le CRTC
recevra les commentaires de plusieurs organisations concernées et
par tous les citoyens intéressés avant de remettre un rapport au
gouvernement Harper.
Pour le SCFP, il est temps de rééquilibrer le
système entre les diffuseurs et les distributeurs de signaux dune
part et les télés généralistes et les chaînes spécialisées dautre
part. «Un retour du balancier est
impératif, souligne Richard Labelle, vice-président
télévision du Conseil provincial du secteur des communications.
Lheure doffrir aux télés
généralistes, privées et publique, les moyens de remplir leur rôle
a sonné. Ce sont elles qui assurent la visibilité de la réalité
canadienne, de notre vie culturelle, produisent les émissions
phares et informent nos concitoyens de ce qui se passe dans leurs
communautés. Cependant, les gens ne sont pas dupes et voient bien
la dégradation dans la qualité de la programmation et de
linformation. Il faut redresser la barre.»
La solution la plus efficace et la plus simple serait selon le SCFP
daccorder aux généralistes une valeur marchande pour la diffusion
de leur chaîne, en réajustant, sans laugmenter, la facture des
consommateurs. Les télévisions spécialisées pourront adopter le
changement de modèle puisquen 2008, selon Statistique Canada,
elles ont recueilli 99% des bénéfices de la télévision privée au
pays. En échange, les télévisions conventionnelles verraient leurs
obligations en termes de programmation locale et dinformation
locale renforcées. «Une solution
gagnante pour tout le monde», insiste Richard Labelle.
Télévision et Internet même
combat
Pour le plus grand syndicat au pays, le fait que de plus en plus de
personnes consomment leurs émissions où sinforment sur Internet
nest pas incompatible avec le soutien accru accordé aux grandes
stations généralistes, au contraire. En effet, malgré la
multiplication des sources dinformation sur la toile, un récent
rapport du groupe de recherche américain Project for excellence in
Journalism dévoile que la plupart des internautes vont tout de même
chercher leur information sur les sites des grands médias
traditionnels. «Si Radio-Canada
produit une émission de qualité, une dramatique ou une émission
daffaires publiques, elle sera présente à la télévision, mais
aussi sur Internet. Affaiblir les télévisions généralistes, ou les
laisser sombrer, cest également affaiblir le présence et la
visibilité de la culture canadienne sur la toile», explique
Michel Bibeault, directeur adjoint du SCFP au Québec.
Payer pour ce quon veut
Le SCFP propose que les téléspectateurs aient un accès abordable à
la télévision canadienne. «Cest
le reflet de notre culture, cest savoir ce qui ce passe dans nos
villes, cest laccès aux nouvelles du monde dun point de vue qui
nous est propre, ça ne doit pas être réservé à une élite»,
défend Jean Chabot, président du CPSC. Ainsi, toute cette opération
doit se conclure par un effet bénéfique sur la programmation et
linformation, mais par un coût nul pour le consommateur.
De plus, cette organisation syndicale trouve inacceptable que les
téléspectateurs soient otages des «bouquets» de postes proposés par
les distributeurs. Le SCFP suggère un service de base restreint
comportant les télévisions généralistes, et la possibilité de
choisir les chaînes facultatives à la pièce. «On va payer pour ce quon souhaite regarder,
et à un prix abordable, un point cest tout. Les chaînes
généralistes, Radio-Canada, Télé-Québec et les stations privées,
pourront offrir une programmation originale de qualité, offriront
de vrais services de nouvelles et le consommateur paiera ensuite
selon ses goûts propres et ses intérêts», conclut Richard
Labelle.