Régimes de retraite et crise économique
18 août 2009
La crise économique a touché les fondations de
nos régimes de retraite. Que peut-on faire pour ramener les régimes
sur la bonne voie et assurer leur avenir? Dans cette entrevue,
Claude Généreux, secrétaire trésorier du SCFP nous livre ses
réflexions. (L’entrevue complète d’une durée de six minutes est
disponible en format MP3 à l’adresse http://scfp.ca/bureau-du-secretaire-tresorier/cg-balladodiffusion.)
Quest-ce que
la crise économique actuelle a changé pour nos régimes de
retraite?
Le cur, les fondations de nos régimes ont été touchés. La Bourse a
chuté de plus de 40 pour cent. Ça se compare à la Grande Dépression
de 1929-1933. Nos régimes de retraite ont perdu beaucoup de la
valeur quils avaient gagnée depuis 10 ou 15 ans.
À ce moment-là, que peut-on faire
pour ramener les régimes sur la bonne voie et assurer leur
avenir?
Premièrement, il faut comprendre les règles qui déterminent la
santé dun régime de retraite. Là, la première chose que les
employeurs nous disent, cest: «On devrait revoir les règles pour les
assouplir.» Cela mène directement au sous-financement des
régimes.
Alors, que peut-on faire pour de
tels régimes en péril?
Il faut changer les lois et règlements mais dans le bon sens. Par
exemple, quand les retraités ne sont pas des créanciers de premier
rang, quand ils sont les derniers dans la ligne à être payés, il y
a un problème! Il me semble que cest assez injuste et immoral
quon fasse passer une dette récente, quel quen soit le montant,
petit ou gros, avant une dette envers ses retraités qui sest
constituée au cours de nombreuses années de cotisations.
Cest une question de revoir les
priorités humaines, donc?
Oui, mais même au niveau économique, il est insensé que les
retraités passent en deuxième. Nous parlions de régimes de retraite
négociés avec des employeurs, mais la première pierre dassise, ce
sont les régimes de retraite publics auxquels tout le monde
participe. Quand ces régimes ont été fondés, lobjectif était que
les cotisations assurent une rente équivalant environ 25 pour cent
du salaire au moment du départ à la retraite.
Et au moment où nous avons créé les régimes de retraite avec les
employeurs, on pensait que ces régimes suppléeraient aussi à
environ 25 pour cent des revenus, ce qui aurait donné 50 pour cent
au total. Mais aujourdhui, nous comptons sur encore plus que ça
pour protéger notre niveau de vie. Donc, il faut plus de
cotisations, plus de revenus. Et dans létat actuel de léconomie,
il y a encore moins dargent quavant. Alors, on se retrouve avec
une «tempête parfaite».
Donc, quelle pourrait être notre
première priorité politique?
Je crois que la priorité politique essentielle, quon soit un
travailleur syndiqué ou pas et quon soit pourvu dun régime de
retraite au travail ou pas, et quel que soit le régime de retraite,
cest de revoir le régime de pension universel pour améliorer cette
base-là. La base doit être revue pour nous assurer de remonter le
niveau actuel de prestations de 25 pour cent à plus que cela. Moi,
je vous dirais 50 pour cent.
Plusieurs personnes à travers le Canada, quelles soient du côté
des travailleurs, du côté syndical ou même du côté financier, sont
daccord. Elles le sont pour des raisons toutes simples: si on ne
le fait pas en pensant séviter un problème, on va avoir un
problème encore plus complexe à affronter. Si nous laissons nos
personnes âgées sans un soutien financier basé sur un revenu décent
et une vie décente, des coûts financiers énormes vont ressurgir
ailleurs, sans parler du coût humain!