Les centrales syndicales réclament un changement de cap
14 juin 2012
Pour la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ), la Confédération des syndicats
nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la
Centrale des syndicats démocratiques (CSD), la contre-réforme de
lassurance-emploi annoncée par le gouvernement Harper doit être
combattue parce quelle générera plus de pauvreté chez les
travailleuses et les travailleurs. Les quatre centrales entendent
travailler de concert afin damener le gouvernement conservateur à
en modifier les aspects les plus régressifs. Elles demandent au
gouvernement du Québec de revendiquer un changement de cap de la
part du gouvernement fédéral.
La contre-réforme de lassurance-emploi est un des volets inclus à
la loi « mammouth » C-38 qui met en uvre une panoplie de
changements mis en avant par les conservateurs de Stephen Harper.
Un des changements les plus fondamentaux vise de plein fouet les
travailleuses et les travailleurs les plus précaires. En effet, le
gouvernement revient à la charge avec les prestataires dits «
fréquents », c’est-à-dire les personnes qui ont présenté trois
demandes de prestations et qui ont touché plus de 60 semaines de
prestations au cours des cinq dernières années. Il exigera que ces
chômeurs acceptent tout travail à compter de la septième semaine de
chômage à un salaire équivalent à 70 % de leur salaire antérieur.
Cette mesure vise particulièrement les travailleurs saisonniers qui
doivent recourir au régime année après année.
Les conservateurs prévoient également dautres changements qui
pénaliseront particulièrement les prestataires des régions
éloignées tout en alourdissant les procédures juridiques permettant
aux chômeuses et aux chômeurs de contester une décision
défavorable. Pour les organisations syndicales, l’abolition des
conseils arbitraux, des juges arbitres et des mécanismes d’appel
constituent autant de freins à l’accès à la justice.
Décision
idéologique
«Le gouvernement fédéral ne verse
plus un sou à la caisse, et ce, depuis 1990. Cest sur la base de
préjugés anti-chômeurs quil va de lavant avec une telle réforme
sans aucune consultation auprès des premiers concernés, les
travailleuses et les travailleurs, bien que ce soit eux qui
financent le programme, avec les employeurs», dénonce le
secrétaire général de la FTQ, Daniel Boyer.
Ces changements proposés par les conservateurs représentent une
menace pour léconomie des régions, particulièrement les régions où
le travail saisonnier est très important, par exemple celles qui
vivent de la pêche, de la foresterie, du tourisme ou de
lagriculture. Ils auront aussi un impact majeur pour les
salarié-es de la construction. De plus, ils entraîneront
indéniablement des pressions à la baisse sur lensemble des
salaires, dénoncent les représentants syndicaux.
«Lapproche des conservateurs est contre-productive. Au lieu de se
concentrer sur la création de richesse en soutenant mieux le
développement demplois de qualité, entre autres dans le
manufacturier, les conservateurs pénalisent les chômeurs et toute
la société en les forçant à accepter un travail où leurs
compétences ne seront pas utilisées de façon optimale»,
plaide pour sa part le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.
Le rapatriement : un objectif à
plus long terme
«La priorité des priorités doit
aller pour le moment à défendre le régime actuel dassurance-emploi
et à sauver ce qui peut lêtre notamment en convainquant le
gouvernement de laisser plus de temps aux chômeuses et aux chômeurs
de se trouver un emploi convenable, comparable à celui quils
occupaient avant de se retrouver au chômage», explique le
secrétaire-trésorier de la CSQ, Daniel-B. Lafrenière. Ainsi, les
centrales syndicales souhaitent intervenir dès maintenant pour
limiter les dégâts de la contre-réforme conservatrice.
Les organisations syndicales poursuivront en outre leur réflexion
quant à léventualité de rapatrier au Québec le programme
dassurance-emploi. Si elles voient un certain intérêt à mettre sur
pied un régime québécois qui refléterait davantage les besoins des
travailleuses et des travailleurs du Québec, les centrales
syndicales estiment que le rapatriement du programme ne peut être
quun objectif à long terme : beaucoup de questions demeurent quant
au fonctionnement dun éventuel régime québécois et cela sans
compter les obstacles constitutionnels à franchir pour y arriver.
Le gouvernement du Québec
interpellé
Enfin, les centrales syndicales demandent à la ministre de lEmploi
et de la Solidarité, Julie Boulet de se saisir du dossier et de
demander au gouvernement fédéral une véritable consultation sur
cette importante question. Rappelons que, vendredi, lAssemblée
nationale a adopté à lunanimité une motion exigeant du
gouvernement fédéral quil renonce aux modifications les plus
néfastes pour les travailleuses et les travailleurs au statut des
plus précaires. «Nous demandons
au gouvernement du Québec de se joindre aux gouvernements des
provinces de lAtlantique afin de réclamer une consultation de la
part du gouvernement fédéral et de dénoncer les aspects les plus
régressifs de cette contre-réforme. Lapproche unilatéraliste est
contre-productive en ce qui a trait à cette importante maille de
notre filet de sécurité sociale, partout au pays», soutient
le vice-président de la CSD, Claude Faucher.
À propos
Les quatre centrales syndicales québécoises représentent plus dun
million de travailleuses et de travailleurs.