Reconstruire une langue, un mot à la fois
16 mai 2019
En marge du congrès, le Conseil québécois des autochtones du SCFP a offert une conférence fascinante sur la culture de la Nation huronne-wendat. Marcel Godbout a parlé plus particulièrement d’un grand projet dont il est responsable: la revitalisation de la langue huronne-wendat. Cette langue en dormance est l’une des trois langues iroquoiennes restantes.
«Une langue endormie est une langue qui n’a pas de locuteur vivant. Mais dans le cas de la langue huronne-wendat, il existe des documents qui datent principalement des 17e et 18e siècles. Les missionnaires avaient transcrit la langue afin d’évangéliser le peuple wendat. On utilise maintenant ces documents pour réveiller la langue en créant une grammaire et un dictionnaire», a expliqué Marcel Godbout.
Il faut aussi créer des néologismes, car plusieurs mots n’existaient pas à l’époque, comme ordinateur, télévision ou téléphone.
«Le huron-wendat est une langue imagée et descriptive. Par exemple, le mot téléphone veut essentiellement dire : on s’en sert pour faire parcourir sa voix», a-t-il ajouté.
Les efforts pour faire revivre la langue en créant des locuteurs sont remarquables. Il y a des cours offerts gratuitement dans cette communauté de culture matrilinéaire. De plus, les CPE et les écoles ont commencé à l’enseigner. La communauté s’est même dotée de linguistes pour poursuivre le travail de développement de la langue.
«Je ne parle pas couramment la langue. Je ne pense pas que mes enfants vont parler couramment la langue, mais je suis convaincu que mes petits-enfants pourront avoir de longues discussions en huron-wendat», de conclure Marcel Godbout.