Le retard de rémunération des employés de l’État est toujours aussi grand, constate le Front commun
27 novembre 2014
Le retard de rémunération quaccusent les
employés du secteur public par rapport aux autres travailleurs
québécois demeure toujours aussi grand, constate le Front commun.
Malgré un faible recul jugé non significatif par lInstitut de la
statistique du Québec (ISQ) dans son rapport rendu public
aujourdhui, cet écart se situe maintenant à 7,6% de la
rémunération globale, et ce, pour des emplois comparables et en
tenant compte de lensemble des avantages sociaux.
«Année après année, nous ne pouvons que constater la
cristallisation dun retard salarial qui naide en rien le
recrutement et le maintien de la main-duvre au sein des services
publics québécois, déplore Francine Lévesque,
vice-présidente de la CSN. Les
femmes, qui représentent 75% de la main-duvre du secteur public,
sont directement touchées par cette discrimination salariale. Le
gouvernement doit saisir lopportunité offerte par lactuelle
négociation du secteur public pour répondre une fois pour toutes à
ce problème criant. Alors que 15,000 employés des réseaux de la
santé, de léducation et des organismes gouvernementaux prendront
annuellement leur retraite au cours des prochaines années, le
gouvernement ne peut rester inactif face aux importants problèmes
de rétention et dattraction de la main-duvre entrainés par cette
rémunération qui, certainement, date dune autre époque.»
Alors que le retard de rémunération touche une
vaste majorité de titres demploi, certains sont dans une situation
beaucoup plus préoccupante que dautres. «Essayez daller convaincre une technicienne
en génie ou un concierge de venir travailler pour lÉtat québécois
quand ces personnes peuvent gagner de 33 à 35% de plus ailleurs
dans le secteur privé, sinquiète Lucie Martineau,
porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics.
Ce nest pas étonnant quen
raison des problèmes de rareté de main-duvre, les établissements
publics doivent se rabattre à la sous-traitance dans une multitude
de secteurs. Mais ce recours au secteur privé coûte deux fois plus
cher aux contribuables, et ça, il faut le rappeler!»
Le retard constaté pour la rémunération globale des ouvriers
spécialisés du secteur public sest considérablement dégradé,
souligne Daniel Boyer, président de la FTQ. «Cest rendu que les électriciens, les
plombiers et les menuisiers responsables de lentretien de nos
établissements reçoivent 37,3% de moins que ce qui se paye dans le
marché! Ce nest pas des farces, le gouvernement semble tout mettre
en uvre pour faire fuir lexpertise de nos réseaux et ouvrir
toutes grandes les portes à la privatisation de nos
services!»
Le représentant syndical dénonce le fait que les plafonds des
échelles salariales du secteur public soient nettement inférieurs à
ceux du reste du marché. «Pour
les catégories demploi professionnels, techniciens et employés de
bureau, les maximums normaux des échelles salariales accusent un
retard allant de 10 à 18 %. Encore une invitation toute grande aux
travailleuses et aux travailleurs du secteur public daller
travailler ailleurs pour améliorer leurs conditions de travail en
milieu de carrière!», déplore M. Boyer.
Lucie Martineau rappelle que les demandes salariales déposées par
le Front commun, le 30 octobre dernier, visent principalement à
assurer la parité en matière de rémunération avec lensemble des
autres travailleurs québécois. «Notre demande est simple: 2% par année pour
combler graduellement le retard salarial, 2% pour le maintenir en
cours de convention et nous protéger contre la hausse du coût de la
vie et un 0,5% pour bénéficier, nous aussi, de lenrichissement
collectif. Nos demandes ne sont pas « déconnectées » de la réalité,
mais bien collées sur ce que lISQ nous rappelle encore une fois
aujourdhui, à savoir que les employés de lÉtat québécois sont
sous-payés par rapport aux autres travailleurs québécois.»
«Et comme M. Coiteux semble bien
soucieux didentifier des pistes déconomies, nous avons fait une
partie du travail à sa place, poursuit Francine Lévesque.
Nous avons identifié trois
chantiers qui pourraient nettement améliorer la gestion de nos
services publics: réduire la précarité demploi, qui touche 35 % de
nos membres, contrer le recours à la sous-traitance et la
privatisation des services publics et stopper lérosion de
lautonomie professionnelle de nos membres. Ces trois enjeux sont
source dun gaspillage et dun mal-financement importants de nos
services publics.»
«Lorsque le gouvernement a créé
lISQ, il avait pour but de démontrer que les employés du secteur
public étaient surpayés, rappelle Daniel Boyer. Maintenant quil est clairement établi que
nous sommes sous-payés, il est plutôt désolant que les employeurs
tentent aujourdhui de se servir des données de lISQ pour niveler
par le bas les conditions de travail de lensemble des
travailleuses et des travailleurs québécois», sinquiète le
président de la FTQ.
Le Front commun regroupe le Secrétariat intersyndical des services
publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de lAPTS), la
Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Ensemble, ces
organisations représentent plus de 400 000 travailleuses et
travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de
léducation, de lenseignement supérieur et de la fonction publique
du Québec. Les conventions collectives du secteur public viendront
à échéance le 31 mars 2015.