Québec solidaire expulse un journaliste de Canoë
19 novembre 2007
(MMQ) Les 252 travailleurs du Journal de Québec mis à la rue par
Quebecor, il y a près de sept mois, ont connu un moment de bonheur,
hier, lorsque les responsables de Québec solidaire ont expulsé
dune conférence de presse un journaliste soupçonné par
lorganisation dêtre un briseur de grève.
«Ça ressemble à un scab»,
a lancé un interlocuteur, pendant que le journaliste était invité à
sortir de la pièce, ce quil a dailleurs fait en prenant bien soin
de se cacher le visage pour ne pas être filmé par la caméra, geste
semblable à ce quon voit fréquemment dans les palais de justice.
Motion
dappui
Plus tôt dans la journée, la formation politique dirigée par
Françoise David avait adopté une motion pour appuyer les
travailleurs du Journal de
Québec. Les responsables de Québec solidaire croient que le
journaliste avait lintention décrire un texte pour ce quotidien.
Il faut rappeler que le Journal
de Québec a fait lobjet, en août, dune ordonnance de la
Commission des relations du travail (CRT) concernant quatre
personnes en vertu des dispositions antiscabs du Code du travail.
Une quinzaine de journalistes et de photographes qui accomplissent
le travail des travailleurs en lock-out font également lobjet de
deux autres plaintes à la CRT, qui doivent être entendues
prochainement.
Le reportage de Jean-Raphaël Drolet traitant de lexpulsion du
journaliste peut être vu sur le site Internet de Canoë à ladresse
suivante: http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/national/archives/2007/11/20071118-134725.html.
(Précision du 20 novembre.
Depuis la rédaction de cet article, le reportage vidéo a été
remplacé, de telle sorte que les images de l’expulsion du
journaliste ne sont plus accessibles sur le site de
Canoë.)
Sur ce site, la nouvelle est rapportée ainsi: «Un incident a marqué le congrès de Québec
solidaire qui se tient en ce moment à Québec. Un journaliste de
Canoë, lentreprise Internet de Quebecor Media, a été expulsé dune
conférence de presse tenue ce matin.
«Québec solidaire voulait
démontrer son soutien aux journalistes en lock-out depuis
avril au Journal de Québec. On soupçonnait le journaliste dêtre un
briseur de grève.»
Si…
Pour les travailleurs en lock-out, le geste fait par Québec
solidaire nest pas anodin. Si les leaders politiques, économiques,
municipaux et sociaux montraient autant de fermeté et cessaient de
collaborer avec le Journal de
Québec, le temps du conflit, lentreprise amorcerait
rapidement de véritables négociations avec les syndicats dans le
but de conclure une entente honorable pour les parties.
Le président de la Chambre de commerce de Québec, Daniel A. Denis,
a dailleurs été interpellé publiquement en ce sens, il y a
quelques semaines, au moment dune conférence organisée par la
Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).
La Chambre de commerce
Lhomme avait alors dit quil ne voulait pas prendre parti dans le
conflit actuel. Visiblement, M. Denis a vite oublié cette réponse,
puisque son organisation a invité J.-Jacques Samson, employé cadre
au Journal de Québec (qui
a aussi connu un conflit de travail au quotidien Le Soleil en 1992), pour être
modérateur au débat de jeudi entre les différents candidats à la
mairie de Québec.
Emplois de qualité à Québec
Les travailleurs du Journal de
Québec se battent pour conserver des emplois de qualité à
Québec, pour éviter que Quebecor Media puise largent des
commerçants et des lecteurs de la région de Québec pour créer de
lemploi à Kanata, Toronto, Montréal ou ailleurs.
Curieusement, un des mandats de la Chambre de commerce est de créer
des emplois de qualité à Québec et de les conserver. À défaut
dappuyer spécifiquement les travailleurs en conflit, lorganisme a
une occasion parfaite pour appuyer la ville de Québec et sa région
immédiate.
Les gestes doivent correspondre avec le discours. Les bottines
doivent suivre les babines, ce quont fait les membres de Québec
solidaire, en fin de semaine, tout comme la députée Agnès Maltais,
qui a dénoncé publiquement les tactiques de Quebecor. Pendant ce
temps, dautres cherchent encore le courage pour les imiter.