Qu’attendent Jean Charest et Laurent Lessard pour lancer une véritable enquête?
10 novembre 2010
Les récentes révélations des médias sur les
affaires des villes de Mascouche, Terrebonne et Saint-Jérôme
soulèvent la colère au Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP). À de nombreuses reprises, le SCFP a déploré les dérapages
du monde politique municipal. Il demande à nouveau aujourdhui
quune enquête publique soit instituée et le plus rapidement
possible.
«Ca suffit!
Ça va prendre combien de révélations juteuses pour que les
responsables politiques prennent leurs responsabilités»,
lance Serge Morin, directeur adjoint au Syndicat canadien de la
fonction publique (SCFP) et responsable du secteur municipal.
«Comme lensemble de la
population, les employés municipaux sont écurés. Il faut une
enquête publique, ça presse. Et nous, du SCFP, qui connaissons
intimement le milieu municipal, nous nhésiterons pas à mettre
toutes les ressources nécessaires pour collaborer à cette
enquête.» Le SCFP représente près de 30,000 salariés dans
258 municipalités québécoises, soit environ 70% de tous les
employés municipaux. Ce sont des cols blancs, cols bleus et des
professionnels, dont ceux des trois municipalités récemment mises
sur la sellette.
Une enquête et vite
«Quand je lis dans le dernier
numéro du magazine Trente que des policiers ont vu un membre du
cabinet du
premier ministre* se faire remettre une enveloppe de 50,000$
par une personne du crime organisé, que le journaliste
[André Noël] affirme que
« ce sont des sources totalement sûres » mais quil ne peut publier parce quil ne
pourrait pas les appeler à témoigner, je pense quil est temps
quune enquête publique soit instituée pour faire toute la
lumière», poursuit Serge Morin. «Le moment est venu de laver la réputation
des honnêtes gens et de montrer du doigt la malversation, le
copinage et les dérapages qui gangrènent notre société.»
Des effets immédiats
À ceux qui doutent de lutilité dune enquête publique, Serge Morin
fait remarquer quà la Ville de Montréal, depuis le début de
lannée, on a vu les factures de travaux de réfection dégonfler de
36%. «Il y a des gens qui savent
et pour le moment ils ne parlent pas.»
Une demande répétée
Depuis plus dun an, le SCFP réclame en vain une enquête publique.
Le 4 novembre 2009, au lendemain délections municipales marquées
par les scandales et les soupçons de corruption,
le SCFP demandait au gouvernement Charest une enquête publique sur
le monde municipal.
Le 1er décembre 2009, en commission parlementaire, le SCFP
indiquait quil appuyait
«toutes les mesures incluant une enquête publique afin de faire
la lumière sur les nombreuses causes ayant favorisé la
malversation, la collusion, le copinage et autres dérapages qui ont
entaché le secteur municipal au Québec.»
Le 19 avril, exprimant sa déception suite au dépôt du rapport
Coulombe au ministre Laurent Lessard, le syndicat des cols blancs
de Montréal (SCFP 429) estimait que les propositions avancées par
le comité Coulombe ne permettaient pas de convaincre la population
que loctroi des contrats municipaux se fait en toute honnêteté.
Plutôt que des demi-mesures,
le SCFP 429 demandait au gouvernement Charest de lancer une
véritable enquête publique sur loctroi des contrats dans les
municipalités du Québec.
Le 13 mai, suite à lagression de Pierre A. Chapuis, cadre à
Outremont,
le SCFP 429 rappelait limportance de tenir une enquête publique
dans le monde municipal pour faire toute la lumière sur les
allégations de corruption et les malversations à légard de la
métropole.
Le 19 mai, suite au dépôt du rapport du vérificateur général, à
lorigine dune enquête policière dans le dossier de linstallation
dun nouveau réseau téléphonique à Montréal,
le SCFP 429 exhortait le maire Tremblay et le gouvernement Charest
à tenir, dans les plus brefs délais, une enquête publique dans
le secteur municipal.
Le SCFP représente environ 70% de lensemble des employés
municipaux au Québec. Comptant près de 105,000 membres au Québec,
le SCFP est présent dans plusieurs autres secteurs dactivités,
entre autres, la santé et les services sociaux, léducation, les
universités, lénergie, les transports urbain et aérien, les
communications, les sociétés dÉtat et organismes publics
québécois. Il est aussi le plus important syndicat affilié de la
FTQ.
* Le magazine Trente cité par Serge Morin
(ci-dessus) a publié la précision suivante le 12 novembre 2010:
«Afin déviter tout équivoque,
nous tenons à préciser que Monsieur Noël, qui a une longue carrière
dans le domaine du journalisme denquête, ne faisait pas référence
au premier ministre actuel, Jean Charest.»