Qu’attend le CRTC pour se prononcer sur le transfert des activités de Global Québec vers Toronto?
20 octobre 2005
Le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes (CRTC) reste étrangement muet dans
le dossier de Global Québec, malgré les plaintes qui ne cessent
daffluer. Hier après-midi, la direction de Global a signifié à 14
de ses employés que leur travail se terminait vendredi (21
octobre). Le week-end dernier, un pas de plus avait été franchi
dans le transfert de la mise en ondes, du routage et de la
magnétoscopie vers Toronto; les employés de la station de Global à
Québec, CKMI, avaient assisté au déménagement dun serveur
informatique utilisé comme système de relève (back-up).
«On se demande ce quattend le CRTC pour réagir?,
sinterroge Stéphane Paré, président du syndicat des employés de
Global, affilié au Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP-FTQ). Plus de 450 plaintes ont été signifiées au CRTC et
on attend toujours un signe de leur part. La question est
importante pour les employés de Global, mais elle va bien plus
loin. Elle remet en cause la légitimité même du CRTC. Est-ce quon
peut promettre nimporte quoi devant le CRTC et ne jamais y donner
suite?»
Appui des députés du Bloc québécois
Le Bloc québécois a réagi jeudi matin par voie de communiqué. Pour
les députés du Bloc, Roger Clavet et Bernard Cleary, eux-mêmes
danciens journalistes, Global doit revenir sur sa décision de
transférer à Toronto ses services de mise en ondes, ce qui ne
laisse à Québec que 8 postes et demi, après la suppression des 14
postes annoncée cette semaine.
«Jappuie sans réserve les employés de la
station CKMI, dans leur combat pour faire entendre raison à Global
et maintenir à Québec la tête du réseau», a déclaré le député
Roger Clavet. Pour le député Bernard Cleary, il est inacceptable
que la majeure partie des activités de CKMI soit transférée à
Toronto. Il faut donc que le CRTC force Global à rester à Québec et
ainsi respecter ses promesses aux leaders de la Capitale. Pour sa
part, Christiane Gagnon, qui a siégé au Comité permanent du
Patrimoine canadien qui a produit en 2003 le rapport Notre
souveraineté culturelle, le deuxième siècle de la radiodiffusion
canadienne, a rappelé les inquiétudes des intervenants entendus
par le Comité relativement à loctroi des licences de
radiodiffusion régionale et à la surveillance par le CRTC du
respect par les radiodiffuseurs des conditions démission des
licences. «Dans le présent dossier, le CRTC doit agir
conformément à son mandat et aux dispositions de la Loi sur la
radiodiffusion et prendre en compte les besoins régionaux dans
son rôle de surveillance. Il doit donc exiger de Global le maintien
de ses activités à Québec dans le respect de ses engagements pris
tant à légard du Conseil quà légard de la population. Les
députés du Bloc Québécois de la région de Québec sengagent
dailleurs à intervenir auprès du CRTC afin quil aille en ce
sens», a déclaré la députée de Québec.
Appui massif de la population
À Québec, lappui populaire à la défense de lintégrité de la
station de télévision anglophone CKMI a été massif. De nombreuses
personnalités, groupes dintérêt et la population ont appuyé la
campagne mise de lavant par les employés de Global et le SCFP.
Signalons, entre autres, lappui du maire de Québec Jean-Paul
LAllier, de la Chambre de commerce de Québec, de la Chambre de
commerce des entrepreneurs et des députés du Bloc Québécois.
Dautre part, à titre individuel, plus de 750 personnes ont
signifié leur appui à une pétition qui a circulé dans la ville de
Québec grâce à linitiative demployés de la station CKMI. Cette
pétition est déposée mercredi à la députée du Bloc québécois de la
circonscription de Québec, Christiane Gagnon.
Rappelons quau moment de loctroi de licence par le CRTC, CanWest
Global sengageait à faire de CKMI sa principale assise au Québec.
On promettait à lépoque 75 emplois dès louverture de la station,
dont la majorité serait à Québec. Global en promettait même 100 la
seconde année, dont un ajout de plusieurs postes à Québec. En
décembre 1996 au cours des audiences publiques du CRTC tenues à
Montréal, monsieur Glen OFarrell, haut dirigeant de CanWest Global
à lépoque sengageait de façon on ne peut plus claire. Il
déclarait au CRTC : «Notre engagement au plan de lemploi cest
de créer 75 postes la première année, dont la majorité sera à
Québec. La seconde année, ce nombre sera porté à 100 et une partie
des postes additionnels sera à Québec. [Our commitment, on an
employment level, is to create, as of Year One, approximately 75
new jobs, of which the majority are in the Québec City. In Year
Two, that grows to 100, with additional employment created in
Québec City.]» (page 1147 des notes verbatim du CTRC). Suite au
transfert de la mise en ondes, du routage et de la magnétoscopie
vers Toronto, Global ne comptera plus que huit employés réguliers
et un à demi-temps à la station CKMI de Québec ce qui reste bien
loin des promesses faites.
Global au Québec
Au Québec, Global est présent à Montréal, Québec et Sherbrooke et
compte au total près de 125 employés, dont une centaine à Montréal.
Tous les salariés à lemploi de Global au Québec sont membres du
SCFP.