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La SQI va s’écrouler

Le 31 mars dernier marquait un triste anniversaire pour le Syndicat des professionnelles et professionnels de la Société québécoise des infrastructures (SPSQI — SCFP 5522). En effet, le 31 mars 2020 venait à échéance la convention collective qui encadrait leurs conditions de travail. Ainsi, ces travailleuses et travailleurs engagés subissent depuis un gel de salaire et traversent la période inflationniste avec laquelle nous devons vivre avec le même salaire qu’ils avaient il y a quatre ans.

Ces personnes salariées, qui ont à cœur le développement de l’État québécois, sont les architectes, les ingénieur(e)s, les chargé(e)s de projets, les évaluatrices et évaluateurs agréés, les technologues en bâtiment, les analystes financiers, les conseillères et conseillers immobiliers et autres professionnelles et professionnels experts en planification et en mise en œuvre de l’ensemble des projets touchant les édifices publics du gouvernement du Québec.

Les effectifs de la Société québécoise des infrastructures (SQI) sont le dernier rempart entre le gouvernement du Québec et les entrepreneurs qui construisent et rénovent les hôpitaux, les maisons des aînés, les palais de justice et les écoles. Pour l’exercice financier 2022-2023 seulement, c’est plus de 70 milliards de dollars en projets d’infrastructures en gestion ou en collaboration que ces professionnel(le)s ont eu à gérer pour que les Québécoises et Québécois puissent recevoir les services de l’État dans des lieux sains et sécuritaires.

Ils interviennent également en soutien en tant que professionnels experts et gestionnaires pour des projets tels que la promenade Samuel– De Champlain à Québec et le nouveau toit du stade olympique à Montréal.

Ils assurent de plus la gestion du parc immobilier du gouvernement québécois, agissant parfois comme locateurs, et à d’autres occasion comme locataires. Concrètement, ce sont 8483 contrats qui ont été conclus au cours des dernières années pour une valeur totale de 4,1 milliards de dollars. Ce parc immobilier de plus de 1000 immeubles comporte ainsi plus de 3,2 millions de mètres carrés partout à travers le Québec.

 

Exode des experts

Les salaires gelés à la SQI, signifient des conditions de travail qui apparaissent encore plus intéressantes ailleurs. Depuis quatre ans, les personnes qui travaillent à la SQI quittent leur emploi à un rythme effrayant. Elles retournent en pratique privée ou regardent du côté du secteur municipal ou d’autres sociétés d’État, comme Hydro-Québec où les salaires ont été majorés en fonction du marché de l’emploi et de l’inflation.

Cet exode des experts est plus qu’inquiétant pour la saine gestion des investissements publics et pour la sécurité de nos édifices publics. La situation n’est pas sans rappeler le manque de ressources qu’a vécu le ministère des Transports au tournant des années 2000, lequel a mené à des coûts faramineux pour réparer et entretenir nos routes et nos ponts et à l’écrasement du viaduc de la Concorde en 2006.

 

Difficulté de recrutement

Une telle situation rend difficile le recrutement. De plus en plus de gens passent par ces portes tournantes et dans ces circonstances, la perte d’expertise devient inévitable. Il est fréquent qu’aucune candidature ne soit déposée pour un poste affiché en raison de conditions de travail et d’une offre salariale en dessous du marché.

Lorsqu’on arrive à les embaucher, les nouveaux talents, une fois formés, se tournent vers d’autres organisations où la rémunération est plus généreuse. Un jour, il n’y aura pas suffisamment d’effectifs pour mener à bien les projets d’envergure gouvernementaux.

Les professionnelles et les professionnels de la SQI jouent un rôle de conscience lorsque sont lancées les commandes politiques. Ils s’assurent que les bâtiments qui seront construits sont bien pensés, avec qualité et justesse, afin qu’ils servent les générations futures.

Veillons à prendre soin de ces travailleuses et travailleurs essentiels au bon fonctionnement et à la réalisation des nombreux projets structurants du gouvernement.