Préparer une vraie sortie de crise sera une priorité pour la FTQ en 2009
5 janvier 2009
«La crise
na pas attendu la faillite de Lehman Brothers pour les
travailleurs et les travailleuses. Voilà déjà presque quatre ans,
en janvier 2005, nous tirions la sonnette dalarme dans le secteur
manufacturier et la forêt. Les entreprises ninvestissaient plus
dans de nouvelles technologies ou dans de la machinerie
performante. Les mises à pied commençaient dans la forêt, dans le
textile et le vêtement, dans la production de biens.
«Certains
économistes clamaient quil ny avait pas péril en la demeure car
il se créait autant, sinon plus demplois que ceux perdus. Ce
quils omettaient de dire, cest que plusieurs de ces nouveaux
emplois étaient mal rémunérés, sans régime de retraite ou assurance
collective. Ce sont pour beaucoup ces nouveaux employés qui se
retrouvent aujourdhui dans les banques alimentaires et ce, même si
les deux conjoints travaillent», a déclaré le président de
la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ),
Michel Arsenault, à loccasion de la conférence de presse annuelle
de la centrale, tenue le dimanche 28 décembre.
Une économie de monopoly créée de
toutes pièces
«Il est assez étonnant dentendre
certains analystes dire quil était impossible de prévoir lampleur
de cette crise. Les contours en étaient pourtant bien dessinés par
les rémunérations exorbitantes de certains dirigeants dentreprises
ou de banques sans aucune commune mesure avec leur rendement, par
la recherche du dividende à tout prix au risque de créer et de
manipuler des produits financiers douteux. Les grands consortiums
et les banques ont créé de toutes pièces une économie de monopoly
que les gouvernements seraient bien obligés de supporter avec
largent des payeurs de taxes», a ajouté le président de la
FTQ.
«Le laisser-faire des marchés
déréglementés a lamentablement échoué avec des dommages collatéraux
considérables pour léconomie réelle, pour la population, pour des
milliers de travailleurs et travailleuse, pour des retraités à qui
on demande de réparer les pots cassés. Les gouvernements peuvent et
doivent légiférer pour réglementer ces marchés financiers. La
finance cest comme la circulation automobile, il faut un code de
conduite, des balises bien établies», a imagé M. Arsenault.
Sortie de crise
«Nous ne tolérerons pas que les
plans de sauvetage des gouvernements, à coups de milliards de
dollars de fonds publics, ne fassent pas une place substantielle à
laide aux travailleurs âgés, à la formation professionnelle, au
soutien des régimes de retraite, au financement adéquat des
programmes en santé et en éducation, aux infrastructures de
transport en commun, Nous allons suivre cet argent à la trace pour
quil favorise le développement à long terme.
«Il ny a pas de solution magique pour repartir léconomie, il faut
que les gens travaillent. Et pour que les gens travaillent, il faut
des projets denvergure comme la réfection du réseau routier, des
infrastructures de transport, des établissements denseignement, de
santé, des équipements municipaux, tous des actifs pour les
générations futures.
«Et surtout, il nous faut apprendre des erreurs passées. Il faut
permettre aux travailleurs et aux jeunes de conserver une
expertise, et donc les former, par exemple dans les métiers de la
forêt, ce que nous avons négligé de faire dans le secteur minier en
déclin il y a quelques années. Il faut préparer une sortie de crise
dès aujourdhui avec une vision de long terme», a repris
pour sa part le secrétaire général de la FTQ, René Roy.
Le Québec dispose doutils, il faut sen servir à leur pleine
mesure
«Il y a de la place pour lespoir
dans la tourmente que nous vivons. Léconomie québécoise est plus
diversifiée que dans bon nombre de provinces, ce qui lui permettra
sans doute de mieux sen sortir. Mais encore faut-il que soient
utilisés à leur pleine mesure les outils de développement que sont
la Caisse de dépôt, le Fonds de solidarité, la SGF, Investissement
Québec, le mouvement Desjardins», a indiqué le président de
la FTQ.
Une économie axée sur le savoir et le développement durable
«Nous sommes convaincus, à la
FTQ, de la plus grande résilience dune économie axée sur le savoir
et le développement durable. Nous avons chez nous des
infrastructures denseignement de qualité et accessibles quil faut
mettre à profit pour le développement dune économie misant de plus
en plus sur la recherche et le développement, des entreprises qui
misent sur la valeur ajoutée.
«Il nous faut également tirer le maximum du formidable potentiel
énergétique du Québec, le valoriser et sen servir comme dun
puissant levier économique dans une perspective de lutte mondiale
contre les gaz à effet de serre. Nous devons également chercher à
ramener au Québec le contrôle des grandes industries qui reposent
sur ce potentiel énergétique.
Dans cette perspective, lÉtat doit intervenir avec vigueur dans
léconomie, également pour éviter que des fleurons industriels
québécois tombent sous contrôle étranger comme ce fut le cas pour
nos sociétés papetières et minières», a fait valoir René
Roy.
Le budget fédéral devra être à la
hauteur de la crise
«Plutôt que de régler ses comptes
avec tout ce qui népouse pas son credo néolibéral comme il a tenté
de le faire avec son énoncé économique, le gouvernement fédéral
devra dégager les ressources à la hauteur des besoins exacerbés par
la situation économique, notamment au chapitre de
lassurance-emploi.
«Déjà proposé à tous les partis fédéraux une formule de
bonification des prestations dassurance-emploi et
dassouplissement des règles dadmissibilité pour une période de
deux années, au terme desquelles cette formule pourrait être
réévaluée. Après son détournement de dizaines de milliards de
dollars de la caisse dassurance-emploi, le gouvernement naurait
certainement pas à craindre de justifier cette mesure devant la
population, particulièrement en temps de crise», a suggéré
le secrétaire général de la FTQ, responsable de ce dossier à la
centrale.
À la défense dun système de santé
public fort
«Dans à peine quelques jours
entreront en vigueur les règlements de la loi 33 qui créeront un
monopole privé sur un nombre indéterminé dinterventions
chirurgicales avec hébergement de plus de 24 heures. La FTQ et la
CSN ont contesté ces dispositions sur le plan juridique.
«Mais nous continuerons aussi à combattre sur le terrain ces
tentatives de privatisation en douce de notre système de santé.
Notre système fait lenvie aujourdhui de dizaines de millions
dAméricains, particulièrement dans le contexte actuel de pertes
massives demplois avec disparition des couvertures dassurance
santé», a rappelé le président de la FTQ.
Autres priorités de la FTQ pour 2009
La refonte du régime de négociation dans les secteurs public et
parapublic avant léchéance des conventions collectives des
salariés de lÉtat figure en bonne place dans les priorités de la
centrale. La FTQ continuera ses luttes sur la conciliation
travail-famille, léquité salariale pour les travailleuses de
juridiction fédérale, le maintien de léquité salariale au Québec
et son élargissement à toutes les entreprises.
La défense du français dans les entreprises, les commerces mais
également dans toutes les sphères de la société québécoise sera
toujours un cheval de bataille important pour la FTQ de même que le
plein assujettissement de tous les travailleurs dans tous les
secteurs dactivité aux dispositions de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail.
La FTQ continuera aussi à participer à la vigile sur lemploi de
concert avec le gouvernement du Québec et suivra de près létat des
régimes de retraite tout en faisant montre de flexibilité quant aux
règles régissant leur capitalisation pour les entreprises dont la
survie serait réellement menacée.