Pour la FTQ, la CSN et la CSQ «une triste semaine pour la démocratie canadienne»
5 décembre 2008
Les dirigeants des trois plus grandes
centrales syndicales du Québec, la FTQ, la CSN et la CSQ,
qualifient de «triste semaine pour la démocratie canadienne» le
fait que la prorogation de la session parlementaire a été obtenue
hier par Stephen Harper. «Nous
sommes extrêmement déçus que Stephen Harper décide de fermer le
Parlement canadien durant sept semaines, pour la seule raison
déviter à son gouvernement de perdre le vote de confiance qui
était fixé à lundi prochain», de dénoncer René Roy,
Claudette Carbonneau et Réjean Parent. «Cela reporte de plusieurs mois les décisions
économiques importantes qui doivent être prises pour faire face à
la crise économique. On assiste à une paralysie du Parlement depuis
le 20 juin dernier. Si des élections devaient être déclenchées, la
perte de temps serait désastreuse.»
«Ce quon a
vu hier ressemble aux tactiques utilisées par les gouvernements
autoritaires pour se maintenir en poste dans des pays aux pratiques
démocratiques douteuses. Cette façon de suspendre la démocratie
pour sauver la tête dun Premier ministre est indigne dune
démocratie qui se respecte. Cest une tache qui vient souiller la
réputation du Canada auprès de sa population, de même quà
lextérieur du pays», déplorent les représentants syndicaux.
Stephen Harper méprise le Québec
Les porte-parole syndicaux accusent Stephen Harper dattiser une
haine contre le Québec et sa volonté de sautodéterminer.
«Le « Québec bashing » fait un
retour en force. Le mépris du chef conservateur à légard des
députés bloquistes, élus démocratiquement par la population
québécoise, est une véritable honte», rappellent les chefs
syndicaux.
Pour eux, «M. Harper avait toutes
les chances de montrer sa capacité à gouverner à loccasion du
discours de lénoncé économique. Cet énoncé aurait dû prendre des
allures de minibudget, avec des mesures concrètes pour aider les
entreprises, les travailleurs, les retraités, les familles. Il ne
la pas fait.»
«Il a préféré confectionner de
toute part une crise politique sans précédent pour assouvir une
soif de vengeance envers les partis dopposition à qui il a coupé
les vivres en mettant fin au programme de subventions publiques,
pour tenter de régner sans partage malgré sa minorité. Une soif de
vengeance également envers les syndicats du Québec, qui ont appelé
à battre le gouvernement Harper aux dernières élections. En gelant
les salaires et en suspendant le droit de grève des fonctionnaires,
en niant le droit des femmes de recourir aux tribunaux pour accéder
à léquité salariale, le gouvernement Harper est allé trop
loin», affirme Claudette Carbonneau.
«Cette rancoeur envers le Québec,
qui ne la pas appuyé aux dernières élections, la emmené à mettre
en place un plan de dénigrement. Tout cela sans aucune mesure pour
les secteurs en difficulté et les chômeurs, rien pour les
travailleurs âgés, rien pour les familles, rien pour les retraités.
Stephen Harper a franchi la zone de non-retour. Il a perdu
définitivement la confiance. La main tendue arrive un peu tard.
Comment croire en la sincérité de cet homme. Il tend une main, mais
de lautre il jette de lhuile sur le feu en refusant de discuter
avec le Québec qui a élu le Bloc et auquel il ne veut pas être
assujetti !», ajoute Réjean Parent.
Un gouvernement de coalition plus
représentatif et démocratique
Les dirigeants syndicaux ajoutent quà linverse, les députés des
trois partis politiques qui appuient la formation dun gouvernement
de coalition, soit le PLC, le NPD et le BQ, ont présenté un plan
daction proactif comportant des mesures exceptionnelles.
«Pour la première fois, le Québec
obtient une amélioration du régime dassurance emploi et de laide
pour les travailleurs âgés. Il obtient des investissements pour
soutenir les industries manufacturière et forestière, des mesures
pour mieux protéger les rentes de retraite, le rétablissement des
montants alloués à la culture et aux organismes à but non lucratif
voués au développement économique, lintensification des programmes
dinfrastructure, de construction et de rénovation de
logements», rappelle René Roy.
Aux citoyennes et citoyens de
défendre la démocratie
M. Roy, Mme Carbonneau et M. Parent croient que, malgré la
prorogation du Parlement, les Québécoises et les Québécois doivent
continuer à réclamer haut et fort la formation dun gouvernement de
coalition respectueux de leurs droits et de leurs intérêts.
«Le temps presse. Ce nest pas
vrai que nous allons laisser Stephen Harper sen tirer aussi
facilement pour tenter de nous imposer un agenda économique et
politique de droite, sans aucune mesure économique pour aider le
monde ordinaire à passer à travers la crise, et avec des
propositions pour nous retirer des droits démocratiques
fondamentaux. Ça na aucun sens et nous devons prendre les moyens
de nous faire entendre. Cest donc pour cette raison que les
travailleuses, les travailleurs et lensemble de la population
uniront leur voix, demain, pour manifester leur mécontentement et
transmettre un message clair que nous voulons un gouvernement de
coalition avec des propositions concrètes afin de nous aider à
sortir de cette crise et ce, dans le respect du Québec»,
concluent les dirigeants de la FTQ, de la CSN et de la CSQ.