Oui à la nationalisation de l’énergie éolienne!
25 septembre 2009
En 2006, le secteur hydroélectrique québécois
du SCFP (aujourd’hui nommé secteur « Énergie ») avait mené une vaste
et efficace campagne en faveur de la nationalisation de l’énergie
éolienne. Les affiches, dépliants et messages radio avaient mis
l’accent sur le fait que, 40 ans après le geste audacieux et
bénifique du gouvernement Lesage piloté par René Lévesque, il
fallait rester Maîtres chez nous!
Cette campagne publique de nos quatre
syndicats représentant près de 18,000 salariés d’Hydro-Québec,
avait permis de tirer la sonnette d’alarme et de sensibiliser la
population à l’abandon de cette richesse collective au secteur
privé. Nous avions alors réussi à provoquer le débat et les
discussions ont été vives dans plusieurs régions.
Le 18 septembre dernier, l’ancien journaliste et député du Parti
québécois de Marie-Victorin faisait publier dans La Presse un vibrant plaidoyer en
faveur de la nationalisation de cette source d’énergie. Avec son
amaible autorisation, nous reproduisons ici son texte.
« Lannée prochaine, nous
célébrerons les 50 ans de la Révolution tranquille. Cette période
charnière de notre histoire a été marquée par un projet audacieux,
porté par René Lévesque : la nationalisation de lélectricité.
Cette grande entreprise est devenue symbolique de lesprit qui
animait cette époque : la volonté dêtre « Maîtres chez nous ».
Grâce à cette politique ambitieuse, nous avons pris en main notre
destinée en développant fièrement nos ressources hydrauliques, qui
sont au cur de notre identité et de notre richesse
collective.
En revanche, le travail amorcé
par René Lévesque et Jean Lesage nest pas terminé ; il doit
maintenant aborder les nouvelles réalités du XXIe siècle. Pour
demeurer Maîtres chez nous, il faudra que nous devenions aussi les
maîtres duvre de la production dénergie éolienne. À ce titre,
Hydro-Québec devra planifier et exploiter les immenses ressources
éoliennes du Nord-du-Québec, en tout respect de lenvironnement et
des populations qui lhabitent. Le Québec est assis sur une mine
dor renouvelable, et les contrats de production sont donnés à des
compagnies privées. Cest inacceptable. Lénergie éolienne est
nôtre ; les profits quelle génère doivent appartenir aux
Québécois.
En outre, si nous voulons vraiment nous doter, à long terme, dun
parc de véhicules électriques, nous allons devoir augmenter dune
manière substantielle notre production délectricité. Nos immenses
gisements éoliens pourraient donc contribuer à remplacer le pétrole
comme source dénergie pour le transport. En plus de diminuer nos
émissions de gaz à effet de serre, lutilisation intelligente de
tout notre potentiel de production électrique permettra de nous
libérer de notre dépendance au pétrole qui nous appauvrit.
Idem pour lensemble de nos ressources naturelles. Par exemple, en
2002, le ministre de lEnvironnement de lépoque, André Boisclair,
a fait adopter une politique nationale de leau qui prévoit que des
redevances soient payées à lÉtat québécois par tout exploitant
privé de nos ressources hydriques. Quont fait les Libéraux ?
Pendant six ans, ils ont refusé de bouger sur ce dossier. À ce
jour, des entreprises comme Coca-Cola ou Naya continuent de mettre
notre eau en bouteille sans nous payer quelque redevance que ce
soit.
Même chose pour lexploitation de nos ressources minières.
Récemment, un rapport du vérificateur général du Québec nous
apprenait que les compagnies minières ne nous paient pas leur juste
part pour les profits que notre sous-sol leur permet de réaliser.
Quattendons-nous pour agir ?
Dans le présent contexte de morosité économique et de déficit
structurel, les Libéraux sapprêtent maintenant à augmenter les
tarifs (électricité, scolarité, etc.). Mais, avant daller piger
encore une fois dans les poches de la classe moyenne, pourquoi ne
pas maximiser nos sources de revenus pour enrichir notre État et, à
terme, notre nation ? Les grands projets hydroélectriques et
éoliens sont générateurs demplois et, à condition quHydro-Québec
en soit maître duvre, de revenus importants pour lÉtat. Et si
les compagnies privées qui exploitent nos ressources hydriques et
minières payaient leur juste part de redevances, nous serions aussi
beaucoup plus riches collectivement.
Bref, un nouveau Maîtres chez nous, ça voudrait dire une
augmentation immédiate des revenus disponibles pour lÉtat
québécois. Autant de milliards qui pourraient être utilisés pour
financer les services à la population et assainir nos finances
publiques.
Prenons-nous en main. Proposons aux Québécois un Québec qui ne vise
rien de moins que lindépendance énergétique. Un Québec tellement
riche quil naurait plus besoin de la péréquation dOttawa. Un
Québec si riche quil naurait plus quà faire son indépendance
politique.
Il faut dès maintenant soccuper de nos affaires, sinon dautres le
feront à notre place. Nos ressources, cest à nous de les gérer,
cest à nous den profiter. Demeurons Maîtres chez nous ! »
Bernard Drainville
Député de Marie-Victorin