En ce jeudi de Saint-Valentin, les représentants syndicaux des employés de la catégorie 2 du CIUSSS de l’Estrie – CHUS se sont rendus au bureau de la PDG de l’institution pour y déposer un cahier de témoignages de leurs membres. Le syndicat a recueilli une série de courts textes et messages pour constituer ce cahier. Ces textes sont des «cris du cœur» qui dénoncent la détresse vécue autant par les patients que les employés dans des établissements malmenés par les compressions, les réorganisations et la pénurie de personnel.

Il s’agissait donc d’une opération «cœurs brisés», qui s’inscrit dans une série d’actions afin de pousser l’employeur et le nouveau gouvernement du Québec à résoudre la crise qui perdure.

Ces puissants témoignages parlent d’eux-mêmes: «Écœuré de courir après le temps quand on est à moins 1, moins 2 ou moins 3 sur les départements. On doit couper dans les soins à recevoir, exemples: bain, habillement, lever de son lit, manger à la salle à dîner, etc.»

À la veille de son départ précipité à la retraite, une autre employée raconte: «Je me suis sentie impuissante, démunie devant cette situation qui perdure… et j’ai souvent sangloté dans les chambres de résidents… Je ne ressens aucune satisfaction à donner des soins expéditifs, bâclés; j’en ai même ressenti une honte.»

«Je sais qu’il me reste plusieurs années et je ne sais pas si j’aurai la force de continuer longtemps. J’adore mon métier et je ne me vois pas faire autre chose dans ma vie (préposée aux bénéficiaires), mais je ne laisserai pas mon travail me rendre malade et c’est ce qui est en train d’arriver», peut-on aussi lire dans le cahier.

«Avant, nous avions le temps de prendre soin des personnes âgées, dorénavant nous « donnons » des soins. […] Il fut un temps où il était plaisant de se rendre au travail, maintenant on s’y rend la peur au ventre… Va-t-il manquer quelqu’un? Va-t-on être capables de donner tous les bains réguliers de la journée? Va-t-on pouvoir donner des soins à la hauteur de nos espoirs ou avoir le sentiment d’avoir encore une fois fait juste le nécessaire», relate une autre personne.

«Au secours pour les patients», conclut un autre message.

Le contenu du cahier peut être consulté à https://bit.ly/2N5dbOo

La cueillette de ces témoignages avait aussi fait l’objet d’une vidéo-choc diffusée à l’automne 2018, disponible à https://bit.ly/2S6Ekl2

Le syndicat en question, la section locale 4475 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), invite la population à participer à une action en ligne disponible à https://scfp.ca/estrie

Ce syndicat représente plus de 5000 employés de la catégorie 2 du CIUSSS de l’Estrie – CHUS. La catégorie 2 regroupe le personnel paratechnique, des services auxiliaires et de métiers. Ces membres du SCFP comptent pour environ 30% de l’ensemble du personnel du CIUSSS de l’Estrie – CHUS.

Comptant plus de 119 300 membres au Québec, le SCFP représente environ 24 480 membres dans le secteur de la santé et des services sociaux au Québec.