Mort tragique d’un marin : il faisait un travail qui devait être accompli au port de Montréal
23 mai 2019
La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) a demandé aujourd’hui à Transports Canada d’interdire aux marins étrangers de faire des manœuvres de sécurage et de désécurage du cargo pendant que le navire est en mouvement sur le fleuve Saint-Laurent vers le port de Montréal ou après que celui-ci l’ait quitté.
Cette pratique, unique au port de Montréal, a été la cause présumée du décès d’un marin le 19 mai dernier. Le navire en question est toujours amarré au port de Montréal, et ce, jusqu’au 24 mai 2019.
Le second officier, Ravindu Lakmal Pieris Telge, un Sri-Lankais âgé de 31 ans, est tombé par-dessus bord du navire porte-conteneurs Maersk Patras vers 9 h 30. Malgré une opération de recherche et de sauvetage de grande envergure, son corps n’a pas encore été retrouvé.
« Des actions immédiates doivent se prendre dans ce dossier. La solution est simple, la réglementation doit interdire ce travail pendant que le navire est en mouvement sur le fleuve Saint-Laurent », d’affirmer Michel Murray, conseiller syndical au SCFP.
Les enquêtes de Transports Canada et de l’ITF indiquent que l’homme est tombé dans le fleuve pendant qu’il manipulait une barre de sécurage de 4 mètres de hauteur et pesant presque la moitié de son poids.
Peter Lahay, coordinateur canadien de l’ITF, a déclaré aujourd’hui : « C’est une situation tragique pour la famille du marin, pour ses collègues et amis ».
Au cours des deux dernières années, l’ITF et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal, SCFP, section locale 375, ont fait de multiples représentations auprès de Transports Canada relativement aux risques que couraient les marins en lien avec ces manœuvres. Ils avaient précédemment demandé au gouvernement canadien de mettre fin à cette pratique dangereuse.
Durant cette même période, le syndicat avait fait des pressions auprès de la PDG du port de Montréal, Mme Sylvie Vachon, et du vice-président de l’Association des employeurs maritimes, M. Nicola Dolbec, afin que ceux-ci interviennent pour que cesse cette pratique dangereuse au port de Montréal. Malheureusement, un évènement tragique vient de se produire, et ce, dans des conditions climatiques favorables. Ce travail s’effectue aussi sous les conditions hivernales, une période encore plus à risque,
Le syndicat avait aussi interpellé ces mêmes personnes afin qu’ils collaborent pour faire cesser la méthode de « paiement au noir » des marins dans le port de Montréal qui font ce travail. Selon nos informations, aucun impôt n’est perçu par les gouvernements sur ces paiements en argent comptant.
Il est temps que cesse l’exposition des marins à tous ces dangers en direction ou au départ du port de Montréal. À notre connaissance, Montréal est le seul port au monde où cette pratique dangereuse et illégale existe.
Le port de Montréal et l’Association des employeurs maritimes doivent prendre leurs responsabilités afin de s’assurer de la sécurité des marins. L’an dernier, le décès d’une baleine dans le fleuve Saint-Laurent avait occasionné des changements rapides à la réglementation sur la navigation des gros navires. Une vie humaine a tout aussi d’importance.
L’ITF a invité la compagnie Maersk à se joindre à la Confédération syndicale internationale (CSI) pour contacter Transports Canada, le port de Montréal et l’Association des employeurs maritimes afin de s’assurer que le sécurage et le désécurage soient faits par des débardeurs qualifiés, comme cela est le cas dans tous les ports majeurs au monde.