L’Université de Montréal menace ses employés de métiers d’un lock-out
20 décembre 2021
À l’occasion d’un dîner de Noël le mercredi 15 décembre, l’Université de Montréal a offert un cadeau peu apprécié de ses employés membres du Syndicat des employé-e-s d’entretien, section locale 1186 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP): une menace de lock-out.
«Les négociations en vue du renouvellement de la convention collective sont difficiles, selon le conseiller syndical au dossier Alexis Côté. Non seulement ces menaces sont inutiles et déplacées, mais en plus, elles surviennent au moment où le dialogue vient à peine de reprendre entre les parties, après une pause de deux mois. C’est inadmissible!»
Lors du traditionnel repas rassemblant le personnel, syndiqués et gestionnaires, de la Division des services à la communauté, le surintendant a lancé à ses employés qu’il avait hâte de commencer à utiliser la machinerie de déneigement. Cette tâche relève exclusivement des employés syndiqués, et l’éventualité évoquée n’est possible que si l’employeur impose un lock-out en janvier 2022.
Le directeur de division de la Direction des immeubles, de qui relève le surintendant, a été directement témoin de la scène et n’a ni contredit, ni rabroué son subalterne.
«Il n’y a aucun mandat de grève actuellement, de rappeler Alexis Côté. L’Université de Montréal commandite un sondage pour s’annoncer comme l’un des 100 meilleurs employeurs au Canada chaque année, mais des comportements comme ça sont inquiétants quant à la vraie nature de cet employeur. Après l’année que les gens ont vécue au travail, dans le contexte que l’on connaît, on n’avait vraiment pas besoin de cela.»
Les principaux points litigieux dans le cadre de la négociation sont le recours à la sous-traitance, de même que les mesures de recrutement et de rétention de personnel dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre. Il faut aussi noter les augmentations salariales et le comblement d’un retard salarial par rapport à des emplois de même nature chez des employeurs comparables.
«Les employés de l’Université de Montréal gagnent entre huit et 12 dollars de l’heure de moins que s’ils travaillaient ailleurs, souligne le conseiller syndical Alexis Côté. Et l’Université prend de l’expansion, construit un tout nouveau campus à Outremont, et la direction demande fermement que l’entretien de ces nouveaux immeubles soit confié à des sous-traitants. Le syndicat ne peut pas accepter de voir ces futurs emplois glisser à l’externe.»
Le syndicat pointe également du doigt le manque de leadership du nouveau recteur de l’Université de Montréal, Daniel Jutras.
«Malgré la longueur des négociations, la haute direction ne fait aucun effort pour en arriver à un dénouement heureux pour tout le monde. Le recteur et son équipe ont reçu des augmentations très généreuses à leur entrée en fonction en juin 2020, mais ils n’ont pas partagé le gâteau avec les employés de soutien. Le syndicat a sollicité des rencontres avec M. Jutras à deux reprises depuis juin 2021, mais à ce jour, le recteur n’a même pas pris la peine de nous répondre. Il est plus que temps que le recteur réalise qu’une université, c’est plus que des professeurs et des étudiants. Plus de 85% des 10 000 employés de l’Université de Montréal ne sont pas des professeurs», de conclure Alexis Côté.
Comptant près de 122 000 membres au Québec, le SCFP représente quelque 10 045 membres dans les universités, principalement des employés de soutien et des chargés de cours.