L’Institut Pinel ciblé par des compressions périlleuses
6 juin 2025
Le syndicat du personnel de l’Institut Philippe-Pinel réagit avec consternation aux compressions de 4,6 % imposées à l’institution pour l’année budgétaire 2025-2026 par le gouvernement de la CAQ. Ces coupures représentent environ 4 millions de dollars par année. Pour le syndicat, elles risquent fort de saper la première ligne d’un établissement déjà fragilisé.
« À l’Institut, nous vivons dans la crainte permanente d’un nouvel incident qui pourrait coûter la santé voire la vie de quelqu’un parmi le personnel ou les patients. C’est un milieu intrinsèquement à risque, mais depuis plusieurs années, le danger est accru par le manque de ressources, comme le roulement de personnel excessif, la perte d’expertise et l’absence de remplacements adéquats en cas d’absence. Nous sommes donc extrêmement inquiets des répercussions de cette très mauvaise nouvelle », de lancer Marie-Eve Desormeaux, présidente de la section locale 2960 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
Le syndicat souligne qu’à ces compressions nettes de 4,6 %, il faut ajouter le recul représenté par l’inflation qui touche les différents postes de dépense. Il déplore aussi le changement de période de planification budgétaire, alors que le nouveau budget est établi pour 12 mois plutôt que six, ce qui représente une grande perte de flexibilité et de réactivité. Il rappelle que la psychiatrie légale est l’enfant pauvre du système de santé mentale du Québec, lui-même enfant pauvre du réseau de santé et de services sociaux.
« La direction de l’établissement nous dit qu’elle va tenter le maximum pour sauvegarder les équipes soignantes, la stabilisation des patients et leur réintégration dans la société. Mais vu l’ampleur des compressions, il est difficile de croire que la première ligne n’écopera pas. Au bout du compte, si l’Institut réussit moins bien dans sa mission, s’il échoue plus souvent à stabiliser les patients, il y aura malheureusement des coûts additionnels ailleurs dans le réseau et dans la société. Ça s’appelle des compressions à courte vue et on pourrait dire à contre-courant, puisqu’avec la série télé Empathie, le public québécois comprend mieux que jamais l’importance de notre travail », de conclure Marie-Eve Desormeaux.
Le SCFP 2960 représente les quelque 700 employés de l’Institut Philippe-Pinel. Ils exercent des fonctions telles qu’infirmière, sociothérapeute, intervenant spécialisé en pacification et en sécurité (ISPS), commis-surveillant d’unité, préposé à l’entretien ménager, préposé au service alimentaire et agente administrative.
Comptant 143 000 membres au Québec, le SCFP représente près de 30 700 membres dans le secteur de la santé et des services sociaux au Québec.