L’information victime de la convergence
17 septembre 2007
Le plus important syndicat du secteur des
communications au Québec sonne lalarme. Pour le Syndicat canadien
de la fonction publique (SCFP-FTQ), la convergence des médias est
devenu une réelle préoccupation et un danger pour la démocratie en
réduisant comme peau de chagrin le nombre de sources dinformation
disponibles pour les citoyens. Cest essentiellement ce que cette
organisation viendra plaider cette semaine lors des audiences du
CRTC sur la diversité des voix qui se déroulent à Gatineau.
«Le spectacle est devenu
désolant. On contemple de plus en plus de grands conglomérats qui
contrôlent le marché, linformation et le placement de produits,
que ces produits soient des nouvelles, des émissions, des livres ou
même des vedettes», affirme Jean Chabot, président du
Conseil provincial du secteur des communications du SCFP.
«Le
phénomène de convergence qui saccélère depuis quelques années a
provoqué une concentration dans le secteur des communications qui
est inégalée dans le monde industrialisé. Aux États-Unis ou en
France, il serait impossible pour une entreprise de posséder autant
de médias dans un même marché. Ici, tout est permis et cest la
logique marchande qui prend le pas sur lintérêt public.»
Pour le SCFP, les règlements existants sont devenus caducs, le
système de contrôle est désuet et le CRTC doit se moderniser et
rattraper son retard. Le paysage médiatique a bien changé et les
nouveaux acteurs sont des empires qui se livrent une guerre sans
merci, où lon séchange des services entre amis ou dans la
«famille». Dans ce combat de géants, léthique journalistique et le
professionnalisme des artisans de linformation sont trop souvent
relégués au second plan. De plus, la répétition ad nauseam dune même nouvelle sur
plusieurs plates-formes réduit loffre dinformation aux citoyens
et mine la santé démocratique de notre société.
Lexemple le plus patent des dangers de la convergence se trouve
évidemment chez Quebecor Média. Une situation bien connue par les
employés du Journal de
Québec, dont la plupart sont présentement en lock-out.
«Le repiquage darticles
du Journal de Montréal est
en hausse constante depuis les années 1990, ce qui réduit dautant
les nouvelles locales. Désormais, Quebecor exige une totale liberté
pour échanger des contenus de ses postes de télé aux journaux en
passant par Internet. Leurs demandes sont claires: ils veulent que
les journalistes alimentent toutes les ramifications de la bête.
Abolir létanchéité des salles de nouvelles, toutes les ressources
réunies pour faire des profits. Il sagit dune tangente qui
diminue la diversité des voix en information et ne respecte pas la
qualité du travail journalistique et les spécificités des tâches
reliées à chaque média», affirme Denis Bolduc, porte-parole
des syndiqués du Journal de
Québec.