Libre-échange avec l’Union européenne, plus de questions que de réponses
30 septembre 2011
Depuis 2009, le Canada négocie un accord économique avec lUnion
européenne en vue darriver à une entente dici la fin
2011. Un
chapitre entier sera consacré aux marchés publics. Daprès
plusieurs chercheurs et organisations, lentente à venir pourrait
entraîner des conséquences néfastes sur la qualité et les coûts des
services publics, et cela au détriment des citoyens québécois.
Méconnu du grand public, lAccord économique commercial et global
(AÉCG) vise principalement les sociétés dÉtat et les marchés
publics des gouvernements centraux et sous-centraux; par exemple
les provinces et les municipalités du Canada. Le marché public
consiste en lensemble des contrats donnés par une province ou une
municipalité, que ce soit pour les services des eaux, délectricité
ou tout autre service public.
Secrétaire général du SCFP-Québec, Denis Bolduc explique que
«selon les documents obtenus par
le Conseil des Canadiens et le Syndicat canadien de la fonction
publique, ce serait à la suite du lobbying intense des
multinationales européennes que le Canada aurait accepté dinclure
les marchés publics dans lentente».
Pour plusieurs groupes de la société civile,
dont Eau Secours! et le
Conseil des Canadiens, linclusion des services des eaux des villes
du Québec dans laccord pourrait en faciliter la privatisation,
notamment en raison des dispositions protégeant les investissements
des entreprises multinationales européennes. Dans dautres
domaines, on pense à la société dÉtat Hydro-Québec ou à des
entreprises privées comme Bombardier, les mesures de libéralisation
incluses dans laccord pourraient limiter laction du gouvernement
et nuire au développement économique local. Par exemple, lorsque le
gouvernement provincial ira en appel doffres pour un projet donné,
il ne pourra plus considérer les impacts économiques régionaux. Il
devra uniquement choisir lentreprise ayant proposé le prix le plus
bas.
Les négociations qui se déroulent derrière des portes closes ont de
quoi inquiéter. «Quels intérêts
veut-on servir avec la privatisation des services publics?,
se demande Denis Bolduc. Ceux du
milieu des affaires ou ceux des gens ordinaires?»
Plusieurs exemples dans le monde montrent quil y a eu de nombreux
échecs dans la matière, tant pour la qualité que pour les coûts.
Récemment, la Ville de Paris a rapatrié tous ses services des eaux
à linterne à la suite d’une hausse des coûts et dun
sous-investissement dans les infrastructures par lentreprise
privée responsable du service.
Le Québec a tout intérêt à demander au Canada de retirer les
marchés publics de lAÉCG, entre autres les services publics
municipaux des eaux et délectricité. Le Syndicat canadien de la
fonction publique encourage les citoyens du Québec à demander à
leurs élus municipaux et provinciaux dagir rapidement, car si cet
accord est signé, ce ne sera pas dans lintérêt de lensemble de la
population québécoise.