Levée de bouclier contre la convergence des salles de nouvelles à Quebecor
10 octobre 2006
Un propriétaire, plusieurs médias, une seule
voix. Telle semble être la vision de Quebecor Média si lon se fie
à la demande qui a été acheminée au CRTC dans le cadre des
audiences portant sur lavenir de la télévision au Canada. Le
conglomérat piloté par Pierre Karl Péladeau estime en effet
«obsolète» et «anachronique» les mesures qui
garantissent lindépendance des diverses salles de nouvelles. Une
position qui fait bondir les syndicats des employés du Journal de
Montréal et du Réseau TVA
Le Syndicat des travailleurs de linformation du Journal de
Montréal et le Syndicat des employés de TVA rappellent que cest
Quebecor Média lui-même qui, à la suite du transfert de licence
avait proposé un code de déontologie et des mesures assurant
létanchéité des salles de nouvelles. Ces garanties avaient été
imposées par le CRTC comme conditions de licence puisque le conseil
sétait également dit préoccupé par la diversité des voix au Québec
dans le secteur de linformation. «Nous ne sommes pas étonnés
outre mesure de la demande de Quebecor car on sentait déjà des
glissements en ce sens. Cependant, cette question devra être
débattue lors du renouvellement de la licence de TVA en 2008. La
demande de Quebecor va à lencontre de principes fondamentaux de
notre société, principes que la direction de lentreprise
promettait de respecter en 2001. Nous devons nous dresser pour
protéger la diversité de linformation, un trait essentiel de toute
démocratie en santé», avance Chantal Léveillé présidente du
Syndicat des travailleurs de linformation du Journal de Montréal
(CSN).
Même son de cloche du côté de TVA, «Il y a
un risque énorme duniformisation des nouvelles et de
standardisation. De plus, on doit souligner que même si tous les
journalistes partagent la même rigueur professionnelle, ils
évoluent dans des sphères totalement différentes. Un reportage
écrit et télé sont deux objets qui ont peu de choses en commun,
même sils traitent dun sujet identique. Le processus, la
recherche, lécriture, les entrevues, etc. nont rien à voir. Je
vois mal comment on pourra conserver la qualité de linformation
offerte aux citoyens avec un tel mélange des genres», lance
Jean Chabot, président du syndicat de TVA (SCFP-FTQ).
Enfin, les syndicats soulignent que lenvironnement au pays est
déjà beaucoup plus permissif que ce qui existe aux États-Unis par
exemple, où on ne peut être propriétaire dune station de télé et
dun journal en même temps. «Le CRTC a accepté la propriété
croisée, mais avec certaines balises. Il faut au minimum respecter
lindépendance des salles de nouvelles. Sinon, nous risquons de
retrouver la même nouvelle partout, à la télé, dans le journal, à
la radio, sur le Web, dans les magazines, etc. Est-ce que les
citoyens seront vraiment mieux servis si on arrive à cette voix
unique et omniprésente? Le danger est grand et nous devons veiller
au grain», conviennent du même souffle les deux représentants
syndicaux.