Les PPP, le cheval de Troie du patronat et des amis du régime
28 octobre 2004
Avec la création d’une Agence des partenariats
public-privé (PPP), le gouvernement Charest met en place un élément
de plus pour mieux paver la voie à la privatisation des services
publics, après avoir aboli l’article 45 du Code du travail et après
avoir divisé les unités syndicales selon quatre catégories
distinctes d’employés dans le secteur de la santé et des services
sociaux.
«Les PPP, c’est le cadeau empoisonné du gouvernement Charest à
la population québécoise, c’est le cheval de Troie du patronat et
des chantres du tout-au-privé, lance Carl Dubé président du
syndicat SCFP au Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ).
Les citoyens seront perdants, les employés seront perdants, tout
le monde sera perdant, sauf les amis du régime qui encaisseront les
profits.»
Une quasi mise en tutelle
Devant les réticences appréhendées des administrations publiques à
se lancer tête baissée dans l’aventure des PPP, le gouvernement
Charest a décidé de créer une agence paragouvernementale dominée
par les intérêts privés et caractérisée par le recours systématique
aux firmes d’experts-conseils. En vertu des énormes pouvoirs qui
lui sont conférés par le projet de loi 61, la mise en place de
l’Agence de partenariats public-privé constitue une quasi-mise en
tutelle de toutes les administrations publiques, des ministères et
sociétés d’État aux universités en passant bien sûr par les
municipalités et les commissions scolaires.
Les PPP en question
Les expériences de PPP au Canada et ailleurs dans le monde
démontrent que, contrairement à leurs promesses, les PPP mènent le
plus souvent à l’accroissement du fardeau financier des citoyens,
accompagné d’une dégradation des services publics et de
l’appauvrissement de milliers de travailleuses et de travailleurs.
Dans tous les cas répertoriés par les services du SCFP, les
expériences de PPP ont entraîné une forte réduction des emplois et
une dégradation des conditions de travail. Seulement dans les
services de santé de la Colombie-Britannique, près de 8000 postes
ont été ainsi supprimés et plusieurs employés, qui ont conservé
leur emploi, ont vu leur rémunération fondre de 50%. C’est là que
réside la grande efficacité des privatisations tant souhaitées par
le gouvernement Charest et sa présidente du Conseil du trésor.
Une mine d’or pour les amis du régime
Les PPP représentent une excellente affaire pour les dirigeants
multimillionnaires des grandes entreprises transnationales qu’on
retrouve presque toujours à la tête des consortiums qu’elles
forment pour faire main basse sur les services publics. Véritable
mine d’or pour les armées d’avocats, comptables et autres
experts-conseils qui salivent à l’idée des volumineux contrats
d’affaires à concocter, puis à contester devant les tribunaux, les
PPP constituent aussi, pour les bailleurs de fonds, d’excellentes
occasions d’investissements qui promettent des rendements
croissants, stables et lucratifs, garantis par l’État.
Sur le plan des finances publiques qu’on ne cesse de dire en crise,
alors que le gouvernement fédéral nage dans des surplus, les
privatisations directes ou déguisées nous préparent des lendemains
désastreux en générant une baisse des revenus de l’État (en taxes,
impôts et revenus d’investissements collectifs), une hausse des
dépenses de l’État et des organismes publics liées aux sommes à
verser aux PPP sous forme d’engagements à long terme et un
gonflement de la dette publique dissimulée hors-bilan (dont les
coûts de rachats éventuels des PPP au terme des contrats privés).
Ce sont les contribuables actuels et futurs – surtout les
travailleuses et les travailleurs lentement transformés en clients
payants – ainsi que les moins nantis de notre société qui en feront
les frais. Que dire des générations à venir?