Les PPP démasqués
9 juin 2010
Les partenariats public-privé (PPP)
constituent une arnaque aux yeux du SCFP, plus grand syndicat dans
le secteur de la santé au Canada. Dans la foulée du rapport du
vérificateur général dévoilé ce matin, le SCFP saisit la balle au
bond et dénonce, avec des arguments renforcés, le choix du le mode
PPP pour le projet dagrandissement de lHôtel-Dieu de Québec
(CHUQ). Pour lorganisation qui représente la majorité des employés
du CHUQ, il est devenu évident quil coûtera plus cher pour les
contribuables et que le projet actuel est bien trop risqué pour
lÉtat québécois.
Le nouveau rapport de suivi du Vérificateur
général du Québec critique une fois de plus les analyses de valeur
ajoutée qui ont favorisé indûment le mode PPP: «Nous sommes davis que les analyses de la
valeur ajoutée des partenariats public-privé (PPP) revues par
Infrastructure Québec (IQ) pour les projets du CUSM et du CRCHUM ne
permettent toujours pas de conclure que ce mode est plus économique
quune réalisation en mode traditionnel par le secteur
public.» De plus, le rapport du Vérificateur général relève
deux inexactitudes dans les analyses de valeur ajoutée
dinfrastructure Québec: lindice de vétusté physique nettement
exagéré et le taux dactualisation.
Sur ce dernier point, le SCFP est sidéré par ce que révèle le
vérificateur: «Linformation
transmise aux décideurs ayant sélectionné le PPP indique quune
simulation des résultats avec un taux dactualisation de 6,5% et
sans déficit dentretien et de renouvellement des actifs a été
réalisée. Or, cela na jamais été fait. En réalité, si une telle
simulation avait été réalisée, leffet de ces deux hypothèses sur
les résultats de lanalyse de la valeur aurait accru
considérablement lavantage de 10,4 millions de dollars du mode
traditionnel mentionné précédemment comparativement au PPP.»
Le
président du syndicat du CHUQ (SCFP 1108), Raynald Blouin, nen
revient tout simplement pas. «On
apprend aujourdhui que pour les projets montréalais, lAgence des
PPP a menti délibérément dans le but de tromper la population.
Cest grave lancer des affirmations en disant quon a fait des
calculs alors quon na rien fait du tout. Cela démontre
laveuglement idéologique des partisans des PPP.»
Le président espère maintenant que le gouvernement Charest fera ses
devoirs et abandonnera les projets de centres hospitaliers en PPP
et faire de nouveau confiance au pôle public.
Finalement, le SCFP, souligne que ces «inexactitudes» pour reprendre le
terme du vérificateur, ou cest «oublis» concernant les simulations,
sont fréquents dans les dossiers en PPP. Ainsi, les «Value for money» utilisées au
Royaume-Uni pour les projets en PFI présentaient des irrégularités
semblables afin de favoriser les partenariats avec les entreprises
privées. Enfin, une récente recherche du professeur Pierre J. Hamel
sur les PPP dans les hôpitaux identifiait également les nombreux
problèmes de ces analyses.