Les petits ports commerciaux du Canada sont vulnérables
30 mars 2005
Les petits ports commerciaux du Canada sont
vulnérables face à des gestes terroristes et criminels, et le
gouvernement fédéral doit faire davantage pour les protéger. Ce
sont les conclusions qui ressortent d’un sondage mené par Ipsos
Reid pour mesurer l’opinion de leaders qui dirigent, financent ou
assurent la protection policière des ports secondaires du pays.
L’étude révèle qu’une majorité des personnes interviewées doute de
la capacité de leurs communautés à prévenir le terrorisme, la
contrebande de stupéfiants ou d’autres gestes criminels dans leurs
installations portuaires.
· la moitié des administrateurs de petits ports n’ont pas confiance
dans la capacité de leur communauté à empêcher des terroristes
d’atteindre une cible en Amérique du Nord en passant par leur port
(52% n’ont pas confiance contre 45% qui ont confiance)
· trois sur cinq n’ont pas confiance dans leur capacité à empêcher
la contrebande de stupéfiants dans leur port (62% n’ont pas
confiance contre 35% qui ont confiance)
· deux sur trois n’ont pas confiance dans leur capacité à empêcher
l’accès par mer aux navires en vue de commettre des actes criminels
ou terroristes (68% n’ont pas confiance contre 30% qui ont
confiance)
Lorsqu’on leur demande de choisir parmi diverses priorités pour
améliorer la sécurité portuaire au Canada, les répondants déclarent
en premier lieu (à 42%) que le Ministre des Transport devrait
établir un système efficace et performant d’inspection et de suivi
des conteneurs, tandis qu’un autre 33% considère que d’améliorer la
sécurité sur l’eau constitue la principale priorité. Seulement 10%
croient qu’Ottawa devrait faire davantage pour vérifier les
antécédents criminels des travailleurs des ports du Canada
« Nous sommes d’accord que Transport Canada
devrait s’attaquer aux problèmes de sécurité les plus pesants et
difficiles. Malheureusement, Ottawa semble plus pressé de salir la
réputation des travailleurs des ports. Ce dont nous avons besoin
c’est d’une inspection et d’un suivi systématiques de tous les
conteneurs et d’assurer la protection côté mer de tous les navires
au port » commente le porte-parole du Conseil Gerald Murphy.
Ottawa s’apprête à mettre en vigueur une nouvelle réglementation de
sécurité maritime qui exigera que les travailleurs dans certains
emplois désignés soient soumis à des enquêtes de sécurité invasives
et sans restriction, tandis que les travailleurs qui perdront leur
emploi suite à ces enquêtes seront sans recours quand les
accusations portées par les bureaucrates du gouvernement
s’avèreront sans fondement.
« Avec un coût de plus de 20 millions de $, les propositions
d’Ottawa constituent une coûteuse invasion de la vie privée qui va
détourner de précieuses ressources qui devraient servir à la
surveillance policière et à d’autres mesures de sécurité efficaces,
en plus d’aliéner des gens qui sont en première ligne de la
sécurité portuaire depuis des années » ajoute Gerald Murphy.
La nouvelle réglementation ne fait rien pour contribuer à la
sécurité sur l’eau des navires dans les ports. Cette lacune rend
facile pour n’importe qui d’approcher d’un navire par la mer et
même d’y embarquer, sans être repéré. Pour l’instant, aucune agence
gouvernementale ou service de police n’est responsable de la
sécurité sur l’eau.
On n’inspecte qu’un faible pourcentage des conteneurs au Canada et
Transport Canada n’exige aucune inspection des conteneurs vides.
Pour l’instant, des centaines de conteneurs passent des journées
sur les quais avant d’être chargés sur les bateaux, les trains ou
les camions, sans inspection.
La législation proposée cause des inquiétudes du point de vue
économique également. Les employeurs du secteur maritime et les
armateurs s’inquiètent du fait que les retards et les incertitudes
causés par le mécanisme d’enquête proposé va restreindre la
capacité de l’industrie de répondre à la demande de ses clients
canadiens et internationaux. La réglementation proposée pourrait
ajouter aux retards et congestions qui affectent déjà un système
soumis à une pression énorme, ce qui pourrait chasser les clients
vers les ports au Sud de la frontière.
« Il existe une meilleure manière d’assurer la sécurité des
ports canadiens. Le défi le plus important pour le gouvernement
fédéral est de s’attaquer aux problèmes les plus urgents par une
meilleure mise en vigueur de la loi et d’autres mesures. Plutôt que
de créer un système draconien qui met en péril la capacité
concurrentielle des ports canadiens et les droits fondamentaux de
ses citoyens, il faut consacrer de nouvelles ressources à la
capacité de maintien de l’ordre et à d’autres mesures susceptibles
de combler les lacunes les plus criantes en matière de sécurité
», d’ajouter Gerald Murphy.
Le sondage a trouvé que 67% des répondants considèrent que les
efforts du gouvernement fédéral pour améliorer la sécurité
portuaire sont efficaces mais les responsables sont plus divisés
quant à leur satisfaction à l’égard des efforts fédéraux pour
protéger les petits ports (56% satisfaits contre 43%
d’insatisfaits).
Quand on soulève la question pour leur propre communauté, l’opinion
est quasi unanime à l’effet que le gouvernement fédéral ne fournit
pas assez de ressources pour assurer une sécurité adéquate:
· Près de deux répondants sur trois (63%) croient que le
gouvernement fédéral accorde trop d’importance aux grands ports et
laisse les petits ports vulnérables.
· Neuf répondants sur dix (90%) croient que le gouvernement fédéral
doit en faire davantage pour contribuer à la sécurité des petits
ports canadiens.
· Quatre répondants sur cinq (80%) déclarent que leur communauté
n’a pas les ressources nécessaires pour satisfaire à de nouvelles
normes de sécurité plus sévères.
· Peu de répondants (13%) croient que les services de police des
petites communautés portuaires reçoivent un financement suffisant
ou (10%) qu’ils ont les embarcations nécessaires pour assurer la
sécurité de leurs ports.
· Alors que deux répondants sur trois (67%) déclarent que la
sécurité portuaire s’est améliorée depuis le 11 septembre 2001, une
minorité (38%) croit que les ressources disponibles pour les
activités de police ont augmenté depuis lors.
« Les travailleurs des ports ont été sur la ligne de front de la
sécurité maritime depuis des années. Nous sommes les premiers
intéressés à ce que les ports soient des milieux de travail sûrs et
sécuritaires, parce que c’est notre gagne-pain. Pour cette raison,
nous exigeons un programme de sécurité portuaire et performant dans
tous le ports commerciaux, puisque la chaîne de la sécurité
maritime est seulement aussi solide que son maillon le plus faible
», conclut M. Murphy.
Ipsos Reid a mené des entrevues téléphoniques auprès de 60
responsables de niveau supérieur ayant à voir avec la sécurité des
ports dans 25 communautés entre le 22 février et le 3 mars 2005.
Pour l’étude, on a interrogé des administrateurs municipaux de rang
élevé, des chefs de police, des administrateurs de ports et des
clients de Colombie britannique, d’Ontario, du Québec, du
Nouveau-Brunswick, de Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et de
l’Île-du-Prince-Édouard. Les résultats sont considérés sûrs avec
une marge d’erreur de ±12,7 pour cent, 19 fois sur 20.
Le Conseil canadien des travailleurs du secteur maritime est une
coalition de syndicats représentant les employés des ports du
Canada.