Les municipalités toujours dans la mire de l’AECG, selon des fuites
28 novembre 2012
Le Conseil des Canadiens et le Syndicat
canadien de la fonction publique (SCFP) sont heureux que les
services des eaux soient exclus de lAccord économique et
commercial global (AECG) entre le Canada et lUnion européenne
(UE), selon des documents ayant fait lobjet dune fuite. Mais les
deux groupes sont déçus que les administrations municipales, et
peut-être leurs services de distribution deau potable et de
traitement des eaux usées, soient entièrement inclus dans les
règles inutilement restrictives sur les marchés publics. Rappelons
que plus de 40 municipalités ont demandé à être exclues de lAECG.
«Depuis deux
ans, nous demandons aux provinces et au gouvernement fédéral de
retirer leau de la table, mais les négociateurs canadiens semblent
déterminés à se servir de lAECG pour favoriser la privatisation de
nos systèmes publics des eaux et lenchâsser dans laccord»,
déplore Maude Barlow, présidente nationale du Conseil des
Canadiens.
«Cela va à lencontre des
souhaits de nombreuses municipalités canadiennes et de bien des
militants européens et canadiens pour la protection de leau qui
veillent au grain afin que les règles sur le commerce et les
investissements naffaiblissent pas les services publics essentiels
comme leau.»
Le Conseil des Canadiens et le SCFP ont mis la main sur des
documents de lAECG qui montrent que le Canada propose dexclure
«le captage, lépuration et la
distribution de leau» des règles daccès aux marchés dans
le chapitre sur les investissements et les services de laccord.
Jusquà maintenant, seule lUE voulait exclure leau de cette façon
et les négociateurs canadiens demandaient la libéralisation (ou
louverture) complète de ce secteur pour en favoriser la
privatisation. Mais les deux organisations soutiennent quil reste
des menaces aux réseaux locaux des eaux et aux administrations
municipales en raison des engagements du Canada en matière de
marchés publics, engagements que lUE qualifie «dextrêmement satisfaisants» selon le
document obtenu par la Coalition avenir Québec (CAQ).
Même si des villes comme Toronto, Victoria, Hamilton, Red Deer,
Sackville et 40 autres ont demandé à être exclues de lAECG, les
administrations municipales, les conseils scolaires, les hôpitaux
et les sociétés dÉtat seront soumises à des restrictions en
matière de dépenses publiques qui peuvent interdire les préférences
locales ou canadiennes et menacer le développement durable, selon
les documents obtenus.
Comme si ce nétait pas assez, lUE fait pression sur les
négociateurs canadiens pour quils éliminent toutes les exigences
relatives au contenu local sappliquant aux projets de transport en
commun et dénergie, ainsi que toutes les «clauses relatives au
développement provincial et régional».
«On demande aux cités et villes
canadiennes de renoncer à leur droit dacheter localement ou
canadien lorsque la situation sy prête, par exemple pour de
grands projets en matière dénergie, deau ou de transport en
commun», a lancé Paul Moist, président national du SCFP.
«Partout dans le monde, les pays
et les villes savent que ces politiques sont efficaces. Les
préférences locales sont même normales au sein de lUnion
européenne. Pourtant, les négociateurs de lUE voudraient les
rendre illégales au Canada. Nous incitons le gouvernement fédéral à
réexaminer cette concession inutile et économiquement
dangereuse.»
« Les municipalités canadiennes
ont dénoncé ces limites imposées à leur autonomie locale. Pour le
bien de tous les Canadiens, le premier ministre Stephen Harper doit
les écouter », a ajouté Paul Moist.
Les documents obtenus par la CAQ contiennent aussi de bonnes
nouvelles pour les Européens qui luttent pour protéger leurs
services deau contre lAECG et dautres pactes sur le commerce et
linvestissement dans lUnion européenne.
Selon le rapport de lUnion européenne portant sur létat des
négociations de lAECG obtenu par la CAQ et publié sur le site Web
de La Presse la semaine dernière, une majorité dÉtats membres de
lUE ont décidé, au cours dune réunion du comité sur les
politiques commerciales tenue le 5 octobre, que les services
publics comme lénergie et leau devaient être complètement exclus
de lentente entre lUE et le Canada.
Le Canada résistait et voulait que les membres de lUE dressent une
liste complète de chacun des monopoles publics ou politiques
reliées aux services publics qui doivent être protégés. Mais le
Canada aurait maintenant «accepté avec réticence» la préférence de
longue date de lUE, contenue dans les engagements relatifs aux
services publics du GATS (Accord général sur le commerce dans les
services).