Les membres du secteur universitaire du SCFP demandent des changements au projet de loi 103
9 septembre 2010
Une délégation du Conseil provincial du
secteur universitaire (CPSU) du Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP) témoignait jeudi matin en commission parlementaire
à Québec. Globalement déçus du projet de loi 103 modifiant la
Charte de la langue française, les représentants de 11 000 salariés
des universités ont expliqué que, dans toutes les institutions
francophones où ils travaillent, le français comme langue de
travail régresse au profit de langlais principalement, mais aussi
dautres langues comme lespagnol.
Pour Carole Neill, présidente du CPSU,
«cest un cri dalarme mais aussi
un cri du cur que nous lançons au gouvernement». Elle sétonne du
véritable paradoxe que vivent les universités. «La loi demande à
chaque institution subventionnée délaborer une politique relative
à lemploi et à la qualité du français. Mais, en même temps, la
situation financière des universités et la formule de
financement «à létudiant» poussent celles-ci à développer de plus en
plus de cours en anglais pour obtenir plus dargent.»
SCFP en
commission parlementaire jeudi
matin à Québec.
Photo Clément Allard
Elle précise. «On ne parle pas de
cours de littérature ou de langue anglaise, on parle par exemple de
cours de gestion ou de droit dispensés en anglais dans nos
universités francophones! Concrètement, cela signifie quon exige
de plus en plus des employés quils travaillent en anglais, que des
chargés de cours doivent enseigner en anglais. Nos membres se
plaignent régulièrement de la pression indue quils subissent pour
utiliser au travail dautres langues que le français. Et cela,
cest sans mentionner que langlais est devenu la principale langue
de publication de la recherche universitaire. Et comme les
embauches de professeurs réguliers se font surtout en tenant compte
du dossier de recherche, on embauche souvent des personnes qui
parlent peu français. Et comme les professeurs réguliers enseignent
aussi, il y a parfois des cours données dans un français très
approximatif.»
«Cest inquiétant. Au Québec, on est en train de prendre une bien
drôle de tangente. Et comme les établissements universitaires sont
souvent précurseurs, à lavant-garde de ce qui sen vient, je pense
que tout le monde devrait sen préoccuper», ajoute-t-elle.
Dans le mémoire déposé à la commission, le CPSU demande que 1)
lOffice québécois de la langue française soit le seul maître
duvre en matière linguistique; 2) que les universités soient
tenues dimplanter un comité de francisation et un programme de
francisation au même titre que les entreprises et 3) quun syndicat
puisse recourir à la médiation à lOffice, au nom de ses membres,
et ce, sans quil y ait obligatoirement de victime présumée.
Comptant près de 105,000 membres au Québec, le SCFP représente
quelque 11,000 membres au sein des universités québécoises,
principalement des employés de soutien et chargés de cours.