Le SCFP-Québec accueille un syndicaliste philippin
4 mai 2009
Au Québec, dans certains milieux, on risque
encore des représailles suite à une implication syndicale. Par
contre, on ne risque pas sa vie. C’est cette terrible réalité, ce
climat de terreur, qui est pourtant vécu par les syndicalistes des
Philippines.
Le 1er mai, la présidente du SCFP-Québec, des
conseillers et une membre du tout nouveau comité de Justice globale
québécois ont reçu Antonio Tinio, président d’un syndicat
d’enseignants représentant 25 000 membres dans son pays. Dans une
allocution bouleversante, il a indiqué que depuis l’élection de
l’actuelle présidente, Gloria Arroyo, un millier de personnes –
militants syndicaux, des droits humains, religieux ou des
journalistes – ont été assassinés ou sont simplement disparus. À ce
jour, aucune accusation n’a été portée contre les auteurs de ces
crimes.
L’impunité de ces agressions ne fait que renforcer le doute quant à
la complicité ou l’accord tacite des autorités, surtout militaires,
dans cette répression brutale et systématique des militants
progressistes.
Élu à la tête de son organisation en 2002, Antonio Tinio a perdu
deux membres de son exécutif, assassinés. Une d’elle a été
poignardée en 2005 et un autre a été tiré à bout portant en pleine
rue alors qu’il rentrait chez lui. Une coordonnatrice régionale est
également disparue depuis 2007. Son syndicat demande l’appui du
mouvement syndical international afin de faire pression sur le
gouvernement philippin afin qu’il mette fin à ces crimes, dépose
des accusations contre les meurtriers et protège les militants
syndicaux et les droits de la personne.
En 2006 et 2007, Amnistie Internationale et le rapporteur spécial
des Nations unies, Philip Alson ont tout deux conclu que les Forces
armées philippines étaient liées, et même directement responsables,
de l’augmentation des assassinats politiques et des violations des
droits de la personne dans ce pays.
Non seulement l’armée est au coeur de la répression, mais elle fait
également de la propagande contre certains syndicats. Dans les
écoles et sur les campus universitaires, les militaires envoient
des équipes qui se chargent de convaincre les étudiants de ne pas
devenir membres de syndicats qu’ils accusent d’avoir des liens avec
des groupes communistes.
Aux Philippines, les enseignants du secteur public n’ont pas le
droit de grève et leurs salaires sont fixés par décret
gouvernemental. Un professeur touche 300 dollars par mois alors que
l’État lui-même estime à 500$ le montant mensuel nécessaire pour
faire vivre une famille. Avec de tels salaires, il est beaucoup
plus payant de venir au Canada pour être engagé comme aide
domestique. Ce que plusieurs d’entre-eux choisissent de faire
d’ailleurs.