Le SCFP présent au Forum sur les PPP
22 octobre 2010
Les représentants du secteur municipal du SCFP
seront nombreux aujourdhui lors du Forum organisé par lInstitut
pour le partenariat public-privé (IPPP). Des officiers syndicaux,
ainsi que léconomiste du SCFP au Québec, seront sur place pour
contrecarrer le discours jugé biaisé des promoteurs des PPP. Ils
confronteront les conférenciers invités avec des démonstrations sur
les inconvénients du mode PPP, notamment les coûts beaucoup plus
importants du financement.
Le plus grand syndicat au pays juge dailleurs
un peu désespérée cette tentative de lIPPP de réanimer une idée
qui est en difficulté un peu partout dans le monde, y compris au
Québec. «Vous connaissez
lexpression «acharnement thérapeutique» pour un malade? Ça
ressemble à ça, mais ici cest de lacharnement idéologique,
souligne Lucie Levasseur, présidente du SCFP-Québec. Il faut souffrir daveuglement volontaire
pour ne pas constater que les PPP sont critiqués et abandonnés peu
à peu dans la plupart des pays de lOCDE. Les exemples déchecs
sont légion parce que cest simplement une mauvaise idée au
départ.»
En ce sens, plusieurs experts dont John Loxley de lUniversité de
Winnipeg ou Pierre J. Hamel de lINRS, concluent au coût trop élevé
pour les contribuables des projets réalisés en mode PPP. En effet,
le financement privé coûte toujours plus cher que le financement
public. Les organismes publics, les États ou les municipalités
peuvent obtenir des taux dintérêt plus bas que les entreprises
privées. Pour le PPP du Centre de recherche du CHUM, Dominion Bond
Rating Service (DBRS) rapportait que le consortium Accès Recherche
Montréal L.P. paiera son emprunt à 7,067 % alors que le
gouvernement aurait pu obtenir un prêt à un taux inférieur à 5 %.
De plus, la crise financière de 2008 a augmenté cet écart entre le
privé et le public puisque ce dernier est considéré comme moins
risqué. En mai dernier, cétait au tour de Pierre Beaudoin de
Bombardier de remettre en question le modèle des PPP qui «ne
devraient pas être une solution globale pour les investissements
dans les infrastructures parce que c’est une façon indirecte
d’augmenter les impôts et les taxes».
Un fardeau pour les villes
Pour le secteur municipal, les PPP réduisent la concurrence, sont
moins transparents et limitent limputabilité des élus selon
lexpérience et les observations du SCFP. «Non seulement ça coûte plus cher et on se
menotte avec des contrats de 25 ou 30 ans, mais en plus cest un
véritable nid à contestations judiciaires. On le voit à Sherbrooke
avec le centre multisports qui a mal été réalisé. Le toit coule et
le consortium privé sen lave les mains. La ville est obligée de
poursuivre la compagnie pour se faire rembourser les
travaux», explique Claude Dubuc, président du Conseil
provincial du secteur municipal (CPSM). En ce qui concerne le
manque de transparence, le SCFP rappelle quà Beloeil,
ladministration avait opté pour un PPP seulement pour ne pas avoir
à consulter la population sur un emprunt. «Un des problème avec les PPP, cest que
cest une location à très très long terme qui coûte au final bien
plus cher quun bon achat public», insiste le président.
Toujours dans les villes, la gestion de leau qui avait été laissée
au secteur privé a été rapatriée à linterne dans plusieurs
municipalités dEurope dont Paris et Grenoble, ou encore Hamilton
plus près de nous. Dautres exemples que les infrastructures
municipales doivent demeurer sous la responsabilité et le contrôle
du pôle public selon le SCFP.
Trop risqué en santé
Dautre part, dans le secteur de la santé, le vérificateur général
du Québec a sévèrement critiqué les analyses de valeur ajoutée
utilisée par lAgence des PPP pour recommander au gouvernement de
procéder en PPP pour les CHUs. En juin dernier, le conseil
dadministration du CHUQ a dailleurs demandé labandon du mode PPP
pour revenir en mode traditionnel. Et à Montréal, le projet du CHUM
en PPP a pris tellement de retard et est devenu une bête si
ingérable que le gouvernement a préféré attendre en 2011 avant de
prendre une décision. Un retour au mode conventionnel ne serait
donc pas exclu.