Le SCFP partage le diagnostic de Pierre Karl Péladeau
13 février 2007
La chose peut surprendre, mais le syndicat
représentant, entre autres, les employés de Vidéotron, TVA, et le
personnel administratif de Radio-Canada, est largement en accord
avec lanalyse présentée hier par le dirigeant de Quebecor Media en
ce qui concerne les problèmes liés au financement de la production
télévisuelle. La volonté affichée dinvestir davantage dans la
production démissions originales, réalisées grâce aux ressources
internes, est également bien accueillie.
Depuis des années, le Conseil provincial du secteur des
communications du SCFP plaide pour une révision des règles de
financement de la production télé et une modernisation des
pratiques du Fonds canadien de télévision (FCT). «Effectivement,
les producteurs indépendants sont devenus au fil des ans les
enfants gâtés dun système où ils ne prennent aucun risque et
empochent des profits considérables avec largent public,
soutient Jacques Denommé, président du CPSC. Créé suite à des
coupures effectuées à Radio-Canada, le FCT na pas toujours bien
défendu lintérêt des citoyens ni assuré la bonne gestion des
deniers publics. Les règles devraient être les mêmes pour tous, les
chances davoir accès aux sommes disponibles devraient être
équitable et le risque devrait être partagé. Il faut mettre fin aux
mesures discriminatoires qui favorisent les producteurs
indépendants».
Lors de son point de presse, Pierre Karl
Péladeau a voulu «dissiper un mythe», «Les entreprises de
production dites indépendantes ont très peu demployés permanents,
ne possèdent pratiquement pas déquipements ou de studios».
Ainsi, ces firmes font largement appel à des employés précaires,
des pigistes. Bien que le dirigeant de Quebecor veuille faire de
JPL son maître duvre dans la production démissions, il évoque
dans le même souffle le recours à la sous-traitance avec des
projets «clés en main». Une prise de position incohérente selon le
syndicat. «Effectivement, les producteurs créent peu demplois
stables, mais les artisans ne sont pas plus avancés si les pigistes
des producteurs indépendants deviennent les pigistes de Quebecor
Media, qui, en plus, détiendrait les cordons de la bourse. Nous le
mettons au défi de sengager à uvrer pour une industrie forte qui
offre des emplois de qualité», de lancer Michel Bibeault,
coordonnateur du CPSC.
Sadapter aux nouvelles réalités
Dautre part, le SCFP partage les préoccupations de Pierre Karl
Péladeau en ce qui concerne le retard pris par le FCT relativement
à lutilisation exponentielle des nouvelles plates-formes de
diffusion. «Limpact des nouvelles technologies la vidéo sur
demande, la télé numérique, la diffusion sur cellulaire, le
téléchargement démissions sur Internet nous oblige à revoir et
moderniser les règles qui définissent la production de contenu
canadien et ce qui est admissible aux subventions. Ainsi, toute la
question des droits de suite doit également être adaptée aux
nouvelles réalités», affirme Jacques Denommé.
La solution reste à trouver
Par contre, le plus grand syndicat du secteur des communications au
Québec se dissocie du remède proposé par Quebecor Media. Pour le
SCFP, il est primordial de maintenir une structure publique qui
opérera un fonds commun accessible à tous les joueurs sur des bases
équitables. «La solution ne peut se trouver dans la
multiplication des fonds privés, créés à dessein pour servir les
besoins dune seule corporation. Le public ny verrait pas ses
intérêts défendus et cela créerait un paysage de production télé
trop éclaté et dangereusement inégal. Nous demandons donc à
Quebecor Media de faire preuve de bonne volonté et de profiter du
débat quil a provoqué pour travailler à trouver une solution
publique, transparente et équitable», de conclure Michel
Bibeault.