Le SCFP interpelle la ministre Boulet
27 juillet 2007
Dernièrement, plusieurs articles publiés dans
La Presse, Le Devoir, mais
aussi en Grande-Bretagne dans le Guardian et le Daily Telegraph, soulignaient l’échec
monumental et les dépassements de coûts du PPP mis en oeuvre pour
rénover le métro de Londres. Michel Parenteau, directeur-adjoint du
SCFP au Québec, et Claude Benoît, président du Syndicat des
chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et employés de services
connexes de la STM, ont profité de l’occasion pour rappeler à la
ministre Boulet les pièges inhérents et les inévitables failles
associés aux projets en PPP.
« Madame la ministre,
Même si votre ministère ne sest pas engagé sur la pente glissante
des partenariats public-privé dans le secteur du transport en
commun, la décision de recourir à des PPP pour la construction et
lentretien des deux grands hôpitaux universitaires montréalais
(CHUM et CUSM) et pour le prolongement de lautoroute 30 nous
préoccupe grandement.
Inquiets quune telle orientation soit éventuellement retenue pour
le transport urbain, nous attirons aujourdhui votre attention sur
les embûches rencontrées, en Angleterre, dans le cadre de la
rénovation du métro de la capitale britannique. En effet, quatre
ans après avoir obtenu un contrat de réfection de 75 % des lignes
de métro en PPP, le consortium Metronet, responsable des travaux, est
incapable de respecter ses engagements de départ et a obtenu une
rallonge de 121 millions de livres (258 millions CAN) pour tenter
de faire face à ses obligations.
On peut déjà
tirer une première conclusion de cette démarche : le recours à des
PPP ne garantit nullement que les projets ne connaîtront pas de
dépassements de coûts. Un constat que devrait sempresser de
reconnaître votre collègue des Finances et du Conseil du Trésor. De
plus, les critiques acerbes dont fait lobjet Metronet – qui naurait pas travaillé
de façon « efficace et économe » – viennent déboulonner le mythe
trop souvent répandu de lefficience intrinsèque du secteur privé.
Lexemple londonien démontre également que les PPP sont plus
souvent des nids de litiges où tous les intervenants se lancent la
balle et rejettent leurs responsabilités. Trop souvent, cela se
termine devant les tribunaux et les contribuables doivent assumer
des frais juridiques considérables pour défendre lintérêt public
et le maintien des services à la population.
Enfin, la dernière leçon que nous pouvons tirer de cet exemple est
que la notion de partage de risque est plus que relative avec les
PPP. Le gouvernement sera toujours lultime responsable des
travaux, de leurs coûts ou des échecs du projet. Les dépassements
de coûts seront de toute façon assumés par les contribuables, sans
oublier la possible disparition du partenaire privé. Dans le cas du
métro de Londres, Metronet
est menacé de faillite et, le 18 juillet dernier, une Cour de
justice a nommé la firme Ernst
& Young, comme nouveau gestionnaire, le consortium ayant
été mis sous administration judiciaire.
Nous souhaitons quà la lumière de cet exemple bien réel, vous
saisissiez les pièges des partenariats public-privé et que vous
résisterez aux chants des sirènes du tout au privé.
Vous trouverez en annexe, quelques articles récents sur le sujet,
publiés dans La Presse et
Le Devoir, ainsi que des
articles fort éclairants parus dans le Guardian et le Daily Telegraph.
Veuillez accepter, Madame la ministre, lexpression de nos
sentiments distingués. »
Michel Parenteau
Directeur-adjoint du SCFP au Québec
Claude Benoît
Président du Syndicat des chauffeurs dautobus, opérateurs de métro
et employés des services connexes (SCFP 1983)