Le SCFP devant le Comité permanent de Patrimoine Canada
25 mai 2007
Aujourd’hui, Jacqueline Turgeon, présidente du
syndicat des employés de bureau de Radio-Canada (SCFP 675) et
Michel Bibeault, coordonnateur du secteur des communications du
SCFP, étaient reçu par le Comité permanent de Patrimoine Canada
dans le cadre d’une enquête sur le rôle de notre diffuseur public
au XXIe siècle.
Nous reproduisons ici la présentation qui a été effectuée par nos
représentants.
Demblée, nous soulignons que le rôle de ce dernier sera
dautant plus pertinent face aux enjeux du XXIe siècle. La
fragmentation médiatique (chaînes spécialisées, à la carte,
Internet) suppose une diminution des espaces rassembleurs où les
citoyens peuvent se retrouver et échanger sur leur collectivité,
quelle soit locale, régionale ou nationale.
Dans ce nouvel univers médiatique, le consommateur aura de plus en
plus accès à un énorme choix de produits audio-visuels. La question
quil aura alors à se poser est la suivante: sur quels produits
arrêter son choix?
Dans ce marché éclaté, Radio Canada
bénéficie dun atout non négligeable: la reconnaissance dune
marque porteuse de l’expression de nos valeurs identitaires et
dune garantie de grande qualité de programmation et dinformation.
Au nom de la cohésion sociale, il faut sassurer que le diffuseur
public continue dexister, de créer et de diffuser
sur toutes les
plateformes.
Il est de notre avis que son mandat, énoncé dans la Loi sur la
radiodiffusion, reflète adéquatement la mission dun véritable
radiodiffuseur public national.
Néanmoins, de façon plus large, la Loi sur la radiodiffusion
pourrait être modifiée pour donner une priorité claire aux
émissions de nouvelles et dinformation. Larticle 3 énonce les
objectifs du système de radiodiffusion du Canada dans son ensemble.
Une modification au libellé pour quil reflète limportance de ces
types démissions serait souhaitable.
Nous entendons souvent la grogne des communautés éloignées des
grands centres comme Montréal, qui est due au fait quon constate
une plus grande fréquence dinformations provenant de Montréal sur
les ondes. Il y a une diminution, en conséquence, de la diffusion
et surtout de la cueillette de nouvelles locales. Au Québec, nous
appelons cela la «Montréalisation des ondes» et les ondes de
Radio Canada ny échappent pas.
Une recommandation similaire a été faite par le Comité sénatorial
permanent des transports et communications dans son Rapport final
sur les médias dinformations canadiens, publié en juin 2006.
Revaloriser linformation de telle façon sera bénéfique non
seulement pour la Société Radio Canada, qui excelle dans ce
créneau, mais aussi pour le système de radiodiffusion dans son
ensemble.
Il nous faut maintenant faire en sorte que les paramètres fiscaux
et réglementaires nécessaires soient mis en place pour soutenir et
défendre les valeurs exprimées dans la Loi sur la radiodiffusion.
Les subventions annuelles versées par Ottawa à Radio-Canada sont
passées, entre 1994 et 2004, de 946 millions $ à 877 millions. Ce
dégagement progressif du gouvernement fait craindre le pire,
surtout au moment où il devrait être présent sur un plus grand
nombre de plateformes.
Pour que le diffuseur public soit efficace, il faut quil soit
indépendant des pouvoirs politiques. Ainsi, pour assurer sa
stabilité, les crédits parlementaires devraient être versés sur une
base pluriannuelle.
Aussi, le budget de Radio-Canda a été diminué au profit des
producteurs indépendants et on n’a jamais vraiment mesuré limpact
sur lensemble de lindustrie.
Les producteurs indépendants profitent dun système qui à lheure
actuelle, continue de les favoriser, eux qui nont pas à rendre des
comptes aux contribuables.
Pour bien saisir lampleur du problème considérez lexemple
suivant. Nos membres qui oeuvrent dans le domaine de la production
télévisuelle nous ont fait part quune émission autrefois produite
par Radio-Canada, et qui est aujourdhui faite à lexterne, coûte
maintenant environ 25% plus cher à réaliser.
Incontestablement, une émission produite à lexterne coûte moins
cher pour Radio-Canada car elle paie seulement 20% du budget de la
production pour la diffusion sur ses ondes. Mais la question doit
se poser : est-ce bien la meilleure façon de dépenser largent
public?
37% du budget du FCT est réservé aux productions indépendantes
destinées à être diffusées sur ses ondes. Cependant, nous croyons
que Radio-Canada devrait pouvoir avoir accès à cet argent pour ses
propres productions, et ce, afin de favoriser la création et la
production des artisans du diffuseur public.
Cette modification est dautant plus pertinente que le FCT finance
des émissions de quatre genres précis : les dramatiques, les
documentaires, les émissions jeunesse et les «variété et arts de la
scène». Le mandat de Radio-Canada exige quelle diffuse justement
ces types démissions. Par conséquent, il importe de leur donner
les moyens de répondre aux exigences de leur mandat et d ainsi
accomplir leur devoir face à la société.