Le projet de loi 25 doit être retiré
2 décembre 2003
En commission parlementaire ce soir, à Québec,
la FTQ-Santé a demandé au gouvernement libéral de retirer son
projet de loi no 25 dans sa présentation qui a commencé à vers les
21h45, mardi soir (2 décembre). Le projet de loi 25 porte sur la
Loi sur les agences de développement de réseaux locaux de
services de santé et de services sociaux, c’est-à-dire sur la
fusion des hôpitaux, des CHSLD et des CLSC.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ministre n’était pas
très réceptif. Pendant un bon moment de la présentation de la FTQ,
Philippe Couillard a préféré se retirer et faire causette avec
certains de ses collaborateurs. La présentation se poursuivait
jusqu’à ce que Raymond Forget, vice-président de la FTQ, pose une
question au ministre? qui continuait tout bonnement son absorbante
conversation. Il a fallu que Raymond Forget demande au président de
la commission si le ministre était toujours intéressé à poursuivre
les travaux, pour que celui-ci revienne prendre sa place à la
table. Pour un ministre qui, de ce temps-ci, fait la morale aux uns
et aux autres et qui n’a jamais rien à se reprocher, ce n’était
guère édifiant…
Comme disait l’autre, la dictature c’est ferme ta gueule; la
démocratie c’est cause toujours…
L’argumentation de la FTQ
La FTQ souscrit entièrement aux objectifs de «rapprocher les
services de la population et de faciliter le cheminement de toute
personne dans le réseau des services de santé et des services
sociaux» énoncés dans le projet de loi 25 qui traite de la
réorganisation du réseau de la santé et des services sociaux. La
FTQ et ses affiliés concernés, le Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP) et le Syndicat québécois des employées et employés
de service (SQEES-298), ont d’ailleurs toujours préconisé une
meilleure coordination des services afin de permettre de mieux
guider les personnes dans le réseau.
Les problèmes actuels ne seraient pas réglés
«Toutefois, les mesures envisagées dans ce projet de loi ne
contiennent rien qui permette d’atteindre ces objectifs ni de
régler le problème d’insuffisance de ressources dans le
réseau», fera savoir M. René Roy, secrétaire général de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), lors
de la présentation du mémoire de la centrale devant la Commission
des affaires sociales, en soirée.
En effet, ce projet ne permettrait pas d’offrir plus de services ni
de raccourcir les délais d’attente dans les urgences. Il n’a pas
pour objectif d’augmenter les ressources de maintien à domicile ni
le nombre de lits pour les personnes âgées incapables de rester
chez elles. Il ne permettrait pas non plus d’augmenter les
ressources pour les personnes souffrant de problèmes de santé
mentale, ni d’améliorer l’accès aux services sociaux.
«La réforme ne règlerait en rien le problème de pénurie de
main-d’uvre dans le réseau pas plus qu’elle ne favoriserait une
plus grande disponibilité des médecins de famille», constate
pour sa part, M. Raymond Forget, vice-président de la FTQ et
coordonnateur FTQ des négociations du secteur public québécois.
La FTQ considère que le gouvernement leurre la population en
tentant de lui faire croire que cette nouvelle structure viendrait,
comme par enchantement, régler les problèmes du réseau qui sont
grandement dus au manque de ressources.
Grossir davantage la structure, c’est accentuer les problèmes
existants
Selon les porte-parole de la FTQ, non seulement cette réforme ne
règlerait rien mais, qui plus est, elle entraînerait plus de
problèmes et plus de bureaucratie. En outre, elle créerait l’effet
contraire à l’objectif recherché, en éloignant les services de la
population.
«Des ententes de services entre les établissements demeurent
possibles sans tout chambarder et sans fusions forcées. Si ce
projet de loi était adopté, avertit de son côté Mme Lucie
Richard, directrice adjointe du SCFP-FTQ, nous pouvons nous
attendre à une augmentation des délais et des coûts dans l’offre
des services.»
La FTQ demande au gouvernement le retrait du projet de loi et
des mesures appropriées
Enfin, la FTQ demande au gouvernement Charest de retirer son projet
de loi 25 et d’investir plutôt dans une enquête-terrain suivie de
mesures appropriées à la situation.
«La population du Québec ainsi que les travailleuses et les
travailleurs en ont assez des réformes qui ne font que déstabiliser
le réseau, encourager une compétition malsaine et des déchirements,
au détriment des soins et des services. Nous nous attendions à des
solutions concrètes. Avec le projet de loi 25, on est loin de la
promesse de donner des soins et des services sociaux en tout temps
partout au Québec, tel qu’énoncé dans le programme du Parti
libéral», a conclu René Roy en déplorant la démarche du
gouvernement de vouloir régler à toute vapeur une question aussi
importante qui entraînerait des dépenses inutiles.
La FTQ, la plus grande centrale syndicale québécoise, représente
plus d’un demi-million de membres, dont 45,000 travailleurs et
travailleuses des réseaux de la santé et des services sociaux
regroupés dans deux syndicats : le Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP-FTQ) et le Syndicat québécois des employées et
employés de service (SQEES-FTQ).