LE PRÉSIDENT DU 301 S’EXPLIQUE
6 novembre 2003
Suite au tourbillon médiatique de la semaine dernière autour de
la statue de Jean Lapierre érigée par le Syndicat des cols bleus
regroupés de Montréal (SCFP 301), le président Michel Parent a tenu
à apporter les précisions suivantes dans une lettre ouverte publiée
ce matin dans plusieurs quotidiens. Nous reproduisons ci-dessous le
texte intégral de cette lettre.
REMETTONS LES PENDULES À L’HEURE
Événement marquant pour certains, sensationnel pour d’autres, nous
avons inauguré, la semaine dernière un buste symbolisant la
solidarité et la fierté d’être col bleu, représentant l’uvre de
Jean Lapierre, ancien président des cols bleus de Montréal. Depuis,
beaucoup d’encre a coulé, beaucoup de choses ont été dites, des
chroniqueurs s’en sont donnés à cur joie et la démagogie a, hélas,
trop souvent teinté les propos. Il est maintenant temps de ramener
les pendules à l’heure et de rétablir les faits, au-delà de la
tourmente médiatique.
Tout d’abord, l’idée de rendre hommage à Jean Lapierre est une
demande des membres du syndicat exprimée et adoptée lors d’une
assemblée générale. C’est l’exécutif, s’inspirant entre autres du
buste de Louis Laberge à la FTQ, qui a décidé de faire couler un
bronze. Toute cette opération s’est déroulée à l’insu de Jean
Lapierre, qui n’était au courant de rien. Le principal intéressé a
eu la surprise de sa vie lors du dévoilement privé, qui s’est
déroulé en présence de syndicalistes de la FTQ, du SCFP et des cols
bleus de Montréal. Sous le choc, Jean Lapierre a d’ailleurs accepté
l’honneur au nom de tous les militants et de toutes les militantes
du syndicat des cols bleus regroupés de Montréal.
La statue a été commanditée par des syndicats de la FTQ, du SCFP et
par quelques donateurs, comme ce fut le cas pour deux autres
monuments en mémoire de luttes syndicales érigés à Valleyfield et à
Hull. Ce buste n’est donc pas sans précédent, ni dans le mouvement
syndical, ni pour les personnages marquants du sport ou du monde
des affaires. C’est un témoignage pour les générations futures qui
pourront s’inspirer des combats menés par les cols bleus en faveur
du partage de la richesse, de l’égalité et de la solidarité. C’est
d’ailleurs le cur du message livré par cette uvre, où le terme
«solidarité» est inscrit bien en vue sur la statue.
Venons-en maintenant au vif du sujet. Une question a rapidement été
évacuée par les éditorialistes anti-syndicaux et les animateurs
avides de controverse : pourquoi les membres du syndicat des cols
bleus ont-ils tenu à saluer leur ancien président? En fait, les
militants et les militantes du SCFP 301 ont voulu souligner, à leur
façon, l’héritage de leurs luttes des 20 dernières années. Jean
Lapierre symbolise le combat pour la défense des droits des
syndiqués. Son règne a été marqué, d’abord par l’amélioration des
conditions de travail des employés manuels de la Ville de Montréal,
mais aussi par une importante implication sociale et communautaire.
Ainsi, au-delà de la négociation – efficace – des contrats de
travail, les cols bleus de Montréal ont embrassé de nombreuses
causes qui dépassent leur strict intérêt. Au cours des vingt
dernières années nous avons:
· Lutté contre la privatisation de l’eau;
· Défendu les services publics et le bien public;
· Milité pour un environnement sain avec plusieurs groupes
écologistes, notamment en s’opposant à l’incinérateur très polluant
qui était prévu à Rivière-des-Prairies;
· Lutté contre la sous-traitance qui favorise souvent la
corruption;
· Instauré un programme d’accès à l’égalité qui a permis l’embauche
massive de femmes dans des emplois non-traditionnels;
· Lutté contre toute forme de discrimination;
· Informé nos membres et la population sur les dangers des accords
commerciaux internationaux sur nos droits sociaux et notre
démocratie;
· Mis sur pied la Fondation Jacques Forest, qui verse chaque année
des dizaines de milliers de dollars à des organismes de charité
pour venir en aide aux plus démunis;
· Amassé des fonds pour soutenir des sinistrés ailleurs en Amérique
(lors de l’ouragan Mitch par exemple);
· Agit concrètement pour aider des sinistrés québécois (entre
autres par la distribution gratuite et massive d’huile à lampe et
d’huile à fondue pendant le grand verglas de 1998, etc.
Pour toutes ces raisons, et bien d’autres, nous avons jugé
nécessaire de rendre hommage à celui qui a représenté le dynamisme
et la combativité de notre organisation syndicale pendant 18 ans.
Un honneur que Jean Lapierre s’est empressé de partager avec
l’ensemble des militants et des militantes du syndicat des cols
bleus regroupés de Montréal.
N’avons-nous pas le droit de souligner l’implication de nos
militants dans le combat syndical? Pourquoi devrions-nous passer
sous silence nos luttes et les dirigeants qui nous ont représentés?
N’en déplaise à certains, nous avons, nous aussi, un devoir de
mémoire.
Michel Parent
Président du Syndicat des cols bleus regroupés de
Montréal