Le gouvernement prend à la légère des décisions qui affecteront l’accès aux soins psychologiques pour le public
8 avril 2015
Dans une décision qui ne tient pas la route,
le gouvernement a choisi de mettre fin unilatéralement à la prime
de rétention des psychologues dès le 30 mars 2015, sans même
disposer de données probantes sur les impacts de son introduction
en janvier 2012. Une décision prématurée puisque le bilan du groupe
de travail formé pour étudier cette question était prévu pour
janvier 2016. Des mots mêmes du ministère de la Santé et des
Services sociaux (MSSS), il est pour linstant impossible de bien
cerner les effets de la prime sur lattraction et la rétention des
psychologues dans le réseau. Pour ce faire, les actuaires du MSSS
auraient besoin de données pour la prochaine année, ce qui sera
irréalisable puisque la prime est retirée! Une prime quil avait
lui-même mise en place, reconnaissant alors le besoin criant de
retenir les psychologues dans le réseau public.
Inquiètes de cette annonce, les organisations syndicales de la
santé et des services sociaux du Front commun (APTS, F4S-CSQ,
FP-CSN, FSSS-CSN, SQEES-298-FTQ et SCFP-FTQ) ont demandé à
rencontrer le sous-ministre adjoint au MSSS, pour mieux comprendre
ce qui motivait le gouvernement à prendre une décision aussi grave
et qui aura certainement des répercussions sur la disponibilité des
soins psychologiques pour une clientèle souvent très vulnérable.
Cette rencontre sétant déroulée le 23 mars 2015 aura permis de
clarifier une chose : le MSSS prend cette décision sur un coup de
tête, motivé uniquement par lobsession des coupes à tous vents. En
effet, le ministère nétait pas en mesure de justifier lintérêt de
labolition de cette prime ni les impacts quelle pourrait avoir.
Une rencontre du comité de pénurie de main-duvre (PMO) des
psychologues prévue dans les jours suivants devait servir à faire
la lumière sur cette situation. Encore une fois, impossible
dobtenir un portrait des impacts potentiels, et pour cause, le
MSSS est incapable den faire lévaluation maintenant puisque les
travaux du comité ne seront complétés quen janvier 2016.
Une prime
avec des effets positifs
Pourtant, cette prime avait été implantée par la partie patronale
elle-même, qui cherchait en 2012 un moyen de retenir les
psychologues dans le réseau public. Sans cette prime, la partie
patronale reconnaissait alors que les psychologues se tourneraient
vers le privé, entraînant du même coup une inévitable baisse de
disponibilité de laccès aux soins psychologiques publics et une
importante perte dexpertise dans le réseau. De plus, à la suite de
linstauration de la prime, les représentants ministériels au
comité de PMO des psychologues avaient confirmé que lexode prévu
des psychologues vers le privé navait pas eu lieu, ce qui tend à
démontrer que la prime a eu des effets positifs sur la rétention.
Constatant limportance de cette prime, les syndicats ont
dailleurs réclamé quelle soit reconduite au moins jusquà la
conclusion de la ronde de négociation 2015.
Lannonce cavalière et irréfléchie de labolition de cette prime
sajoute à une série de mesures qui affecteront les employé-es du
secteur public. Mais les vrais perdants seront les gens qui, chaque
jour, ont besoin de lexpertise et du travail de qualité des
psychologues du réseau public. Face à cette situation, les
organisations nauront dautre choix que damplifier leurs actions
au courant des prochaines semaines.