Le gouvernement Charest va en payer le prix
15 décembre 2005
«Par son coup de force, ce gouvernement a
trompé non seulement ses propres employés mais également toute la
population, bafouant au passage ce haut lieu de la démocratie
quest lAssemblée nationale.
«Un projet de
loi spéciale, ça ne se prépare pas en une nuit. Cest donc dire
que ce gouvernement lavait dans ses cartons depuis quelques
semaines alors même quil faisait semblant de négocier pour se
montrer conciliant. Cest une véritable arnaque et nous avons la
mémoire longue», a déclaré le président de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Henri Massé.
Un blocage orchestré
«Le premier ministre a beau parler de négociations stériles
quand il na jamais convoqué la table centrale pour discuter des
salaires tout en martelant le caractère inamovible de son
soi-disant cadre financier.
«Nous avons tenté toute la journée hier de faire débloquer les
tables dans le secteur de léducation par exemple mais tout était
bloqué. La stérilité elle est là et le blocage était orchestré. Il
était tellement orchestré que le gouvernement a fait table rase de
tout ce qui avait déjà été entendu entre les parties», a
déploré pour sa part Pierre Dupuis, directeur québécois du Syndicat
canadien de la fonction publique (SCFP).
Nos gens sont en colère
«Nous avons fait nos devoirs deux fois plutôt quune depuis juin
2003, tant dans la préparation de nos demandes sectorielles que
salariales et sur léquité salariale. Mais nous navons jamais
senti que ce gouvernement donnait des mandats à ses négociateurs.
«Lépilogue désastreux que nous connaissons aujourdhui avait été
préparé de longue date. Les gens qui se sont investis de bonne foi
dans cette négociation sont aujourdhui en colère, pour ne pas dire
plus», a indiqué Daniel Boyer, du Syndicat québécois des
employées et employés de service (SQEES-298) et coordonnateur des
négociations du secteur public pour la FTQ.
Le président de la FTQ rappelle que les salariés du secteur public
auraient été en droit de réclamer aujourdhui un rattrapage de 15%
à 2%. «On a plutôt opté pour maintenir notre pouvoir dachat et
faire débloquer léquité.
«Avec son offre de 8%, le gouvernement maintient un recul minimum
de 6,8% du pouvoir dachat de ses employés, ce qui est plus
important que la totalité des remboursements au chapitre de
léquité salariale.
«Pour une employée au salaire moyen de 30,000$, loffre sur 6 ans
et 9 mois lui laisse 67 sous de plus dans ses poches par jour, même
pas le prix dun café ou dun billet dautobus. Cest ça loffre
généreuse du gouvernement pour notre monde», a illustré Henri
Massé.
Mépris et mauvaise foi
«Lorsquon voit aujourdhui où le gouvernement voulait atterrir,
on comprend mieux sa mauvaise foi évidente dans les dossiers de
retraite, de droits parentaux, etc. On comprend également que Mme
Jérôme-Forget nait même pas pris le temps de regarder toutes les
propositions de compromis qui sécartaient le moindrement de son
cadre financier avant de les rejeter du revers de la main en point
de presse.
«Ce mépris et cette mauvaise foi vont teinter pour longtemps nos
relations avec ce gouvernement qui vient de perdre de larges pans
de ce qui pouvait lui rester de crédibilité. Il devra en mesurer et
en supporter toutes les conséquences», a conclu le président de
la plus grande centrale syndicale au Québec.