Le Front commun déplore le peu de sérieux de l’étude de l’Institut Fraser
26 février 2015
Alors que les études de l’Institut de la
statistique du Québec (ISQ) constatent, année après année, le
retard de la rémunération globale des salariés de l’État québécois,
le manque de rigueur de l’étude de l’Institut Fraser publiée
aujourd’hui trahit le penchant idéologique de cet organisme, estime
le Front commun.
D’entrée de jeu, les auteurs reconnaissent que « les informations
disponibles sur les avantages sociaux sont insuffisantes pour
comparer définitivement la rémunération totale entre les deux
secteurs », ce qui discrédite d’emblée les conclusions qu’ils
peuvent tirer de leurs travaux. De plus, en amalgamant dans la
catégorie « secteur public » les employés des paliers municipal,
provincial, fédéral ainsi que des sociétés d’État, la comparaison
salariale ne peut être exportée aux 540 000 employés de l’État
québécois qui sont actuellement en négociation pour le
renouvellement de leurs conventions collectives. Au sujet des
régimes de retraite, l’étude ne tient compte que de la mesure de la
« couverture » de ces régimes et néglige l’analyse des coûts de ces
derniers. Or, l’étude menée par l’ISQ analyse directement ces
coûts. Année après année, elle démontre que le régime de retraite
public est avantageux pour le gouvernement du Québec
comparativement aux autres employeurs du Québec. Enfin, aucune
mesure comparative sérieuse ne leur permet d’identifier des emplois
« comparables » entre les secteurs public et privé.
«Tant le gouvernement que les
organisations syndicales reconnaissent que l’ISQ est la référence
en matière de comparaison de la rémunération globale au Québec,
souligne Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. Or, l’ISQ
établissait en novembre dernier que le retard de rémunération du
secteur public québécois se situe à 7,6 % par rapport aux autres
travailleurs, et ce, pour des emplois comparables et en tenant
compte du régime de retraite et de tous les autres avantages
sociaux. Quand l’ISQ compare strictement les salaires, ce retard
grimpe à 11,5 %. Quand on sait que 75 % des employés de l’État sont
des femmes, on ne peut que dénoncer cette discrimination salariale
basée sur le sexe.»
«C’est sur
la base de ce retard de rémunération globale que le Front commun a
élaboré sa demande salariale, rappelle Daniel Boyer, président de
la FTQ. Les problèmes de pénurie et de rareté de main-d’œuvre dans
le secteur public québécois se sont accrus au fil des années pour
une grande variété de statuts d’emploi. En fonction des nombreux
départs à la retraite prévus au cours des prochaines années, le
gouvernement se doit d’offrir des conditions salariales comparables
aux autres secteurs de l’économie s’il veut attirer une
main-d’œuvre compétente pour assurer l’avenir de nos services
publics.»
«Encore une fois, ce think tank
de droite qu’est l’Institut Fraser s’immisce sur le terrain
politique pour ressusciter le mythe des “gras dur” du personnel des
services publics québécois, un mythe maintes fois déconstruit par
l’ISQ, dont la création servait justement d’outil comparatif au
gouvernement du Québec pour évaluer la rémunération de ses
employés. Le manque flagrant de rigueur de l’Institut Fraser
démontre l’objectif poursuivi : justifier de nouvelles attaques
envers les femmes et les hommes qui, chaque jour, se dévouent pour
assurer des services publics de qualité pour l’ensemble de la
société québécoise», conclut Lucie Martineau, porte-parole
du Secrétariat intersyndical des services publics.
À propos
Le Front commun regroupe le Secrétariat intersyndical des services
publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de l’APTS), la
Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Ensemble, ces
organisations représentent plus de 400 000 travailleuses et
travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de
l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la fonction publique
du Québec. Les conventions collectives du secteur public viendront
à échéance le 31 mars 2015.