Le dépôt d’un projet de loi spéciale tout à fait injustifié
17 mai 2012
«Quatorze
semaines plus tard, avec le dépôt dun projet de loi spéciale, nous
reprochons au gouvernement libéral de dénier véritablement non
seulement la réalité, mais la démocratie. Cest la démonstration de
son incapacité de gérer convenablement une crise sociale. Nous
croyons quau lieu de permettre déviter les perturbations, un tel
geste envenimera encore plus le climat et accroîtra la division
dans la population. Nous demandons au gouvernement, et à son
premier ministre, de mettre son projet de loi sur la glace et de
tout faire pour en arriver rapidement à un règlement négocié de la
crise. Hier soir, cela semblait atteignable», ont déclaré
les présidents de la CSN, de la CSQ et de la FTQ.
Le refus du gouvernement dengager rapidement un dialogue avec les
associations étudiantes au début de la grève et le choix de faire
ses premières offres directement sur la place publique, sans
discussions préalables avec les étudiants, on le sait, nont fait
quenflammer la colère. Il aura fallu pratiquement dix semaines
pour avoir de premiers échanges sérieux. La maladresse au lendemain
dune entente na fait que susciter la méfiance. Finalement, peu
dheures ont été consacrées pour débattre avec les étudiants et, ne
loublions pas, jamais le gouvernement na voulu mettre au jeu
directement la question de la hausse des droits de scolarité. Cette
dernière est la raison qui a amené des dizaines de milliers
détudiants à voter en faveur de la grève et qui a déclenché non
seulement les plus grandes manifestations que le Québec ait
connues, mais une mobilisation soutenue.
Rappelons-le, la hausse des droits de
scolarité constitue pour les étudiants un débat de société,
position que les organisations syndicales appuient. «Comme eux, nous croyons que léducation ne
peut être traitée comme une marchandise et il faut maintenir
laccessibilité aux études supérieures. Par exemple, les dernières
études portant sur lendettement étudiant aux États-Unis sont
éloquentes et démontrent quil ne faut absolument pas suivre cette
voie. En outre, au cours de ces 14 semaines de conflit, la
démonstration a été faite quune très forte majorité détudiantes
et détudiants sopposent à la hausse des droits de scolarité.
Certains, même, provenant de facultés qui nont pas lhabitude de
moyens de pression, ont choisi cette fois de manifester aussi leur
désaccord, que ce soit avec quelques jours de grève ou en
saffichant avec le carré rouge tout en étant en classe. En tentant
disoler ceux qui font la grève, le gouvernement commet une
erreur», ont commenté les porte-parole syndicaux.
Reconnaissance des associations étudiantes
Pour les représentants syndicaux, le gouvernement libéral sest
comporté comme sil ne reconnaissait pas la légitimité des
associations étudiantes. Cette attitude est des plus déplorables.
Le premier ministre qui, par ailleurs est responsable des dossiers
jeunesse, leur envoie un bien mauvais message. «Alors quils font leurs premières
expériences de lexercice de la démocratie, on veut bafouer leurs
droits. Il sagit dun abus de pouvoir. Le gouvernement aurait eu
tout le temps voulu sil avait vraiment eu la volonté de régler ce
conflit par la discussion. Nous craignons que labus de pouvoir ne
fasse quexacerber le conflit et les tensions dans les
établissements déducation. Nous lavons toujours dit, la
démocratie ne peut se résumer quà se rendre aux urnes, daffirmer
les porte-parole syndicaux. La colère et lanimosité ne nous
mèneront collectivement à rien. Si le gouvernement refuse de
sengager dans des négociations maintenant, au lieu dadopter une
loi spéciale, il devrait se replier sur un moratoire et des états
généraux. Cela permettrait également une pause qui, de toute
évidence, simpose.»
«Nous rappelons au premier
ministre que nous navons jamais cautionné la violence et nous lui
répétons, comme tant de monde qui lont fait aujourdhui, que le
geste quil sapprête à faire avec le dépôt dune loi spéciale, qui
nest ni plus ni moins quun coup de force, la situation risque
malheureusement de senvenimer», ont conclu les porte-parole
syndicaux.