Le CRTC ne règle aucun problème
15 janvier 2008
Le plus grand syndicat du secteur des
communications au Québec, le SCFP, est déçu des mesures annoncées
aujourdhui par le CRTC concernant la diversité des voix en
information. «Essentiellement, le
CRTC vient entériner la situation actuelle de la propriété croisée.
Cest nettement insuffisant à nos yeux et lorganisme qui a le
devoir de protéger le public pèche ici par excès de prudence. La
concentration des voix ne pourra saggraver, mais aucun des
problèmes que nous vivons en ce moment nest réglé. À nos yeux, le
CRTC a abdiqué ses responsabilités», affirme Jean Chabot,
président du secteur des communications du SCFP.
Dans sa décision, le CRTC annonce quun propriétaire ne pourra
contrôler que deux types de médias (télévision-radio-journaux) dans
un même marché. «Ça ne change
strictement rien à la propriété croisée actuelle! Personne ne
possède les trois médias dans une même région. Mais nos membres
constatent quotidiennement les difficultés que posent les échanges
entre les salles de nouvelles avec seulement deux médias »,
lance Michel Bibeault, directeur-adjoint au SCFP.
Le CRTC jette
aux poubelles le Code de déontologie de Quebecor Média
En ce qui concerne lindépendance journalistique, le constat est
encore plus sombre selon le SCFP. Dun seul trait de crayon, le
CRTC vient de faire disparaître le Code de déontologie de Quebecor
qui avait permis de restreindre et de baliser léchange
dinformation et de contenu entre les différentes salles de
nouvelles de lempire médiatique. «Le conseil vient douvrir toutes grandes les
portes à la fusion de salles de nouvelles dun même propriétaire.
La perte de la diversité des voix risque uniquement de saccélérer
au détriment de notre santé démocratique si nous suivons le
chemin tracé par le CRTC. Il faudra que la société civile se dresse
contre ce dangereux glissement», insiste Jean Chabot.
Le syndicat sinquiète particulièrement de lacceptation du code
proposé par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision
(CCNR). Lorsquil sy réfère le CRTC affirme «Le Code énonce des
procédures visant à garantir que les radiodiffuseurs conservent des
structures de direction et de présentation des nouvelles distinctes
et séparées de celles de leurs journaux affiliés.» Pour le SCFP, il
est inacceptable quon garde sous silence tout ce qui a trait à la
cueillette et au traitement de l’information. «On sattaque ici aux fondements mêmes du
travail journalistique de qualité. Si les entreprises peuvent
échanger à leur guise informations, photos, images, captations
sonores ou vidéo, on en arrive nécessairement à des
journalistes-orchestres qui vont alimenter de multiples
plates-formes qui présenteront et répéteront les mêmes nouvelles.
Est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour ce qui est le quatrième
pouvoir dans nos démocraties?», sinterroge Michel
Bibeault.