Le CPSC somme le Comité du patrimoine de faire ses devoirs
22 mai 2002
« Faites votre travail, cest votre responsabilité! », a
lancé Armand Dubois aux membres du Comité permanent du patrimoine,
au terme de la présentation du mémoire du Conseil provincial du
secteur des communications du SCFP. Une présentation dérangeante,
soit dit en passant. Plusieurs membres de ce comité de la Chambre
des Communes, surtout les représentants du pouvoir, ont semblé
irrités par les propos et les recommandations audacieuses du CPSC.
La situation que nous avons dénoncée est pourtant bien connue de
ceux et celles qui oeuvrent dans le secteur des communications :
·la concentration des médias est en train détouffer la diversité
des sources dinformations et mine la démocratie;
·les montants qui assuraient auparavant un service public fort et
créatif sont désormais détournés en bonne partie vers les
producteurs indépendants, plus intéressés aux revenus quaux
questions didentité culturelle;
·le CRTC est devenu une structure archaïque et inefficace à force
de voir ses exigences bafouées, sans réagir daucune façon;
·la télévision communautaire se meurt partout au pays et les
décisions du gouvernement fédéral et du CRTC nont rien fait pour
renverser cette tendance, bien au contraire;
·rien ni personne ne semble plus en mesure de contrôler les
propriétaires des grands médias canadiens qui fusionnent, se
vendent, ferment des stations ou des services, échangent du
contenu, oublient la télévision communautaire, abandonnent les
productions locales et régionales, selon leur bon vouloir.
Devant ce constat peu reluisant, le CPSC prend clairement position
et fait des propositions simples mais audacieuses :
·conserver les grands principes contenus dans la Loi sur la
radiodiffusion et renforcer leur application;
·assurer aux services publics (radio et télé) un financement
adéquat pour quils respectent leurs mandats – pour ce faire, il
conviendrait de reprendre les fonds publics transférés aux
producteurs indépendants;
·abolir le CRTC et le remplacer par deux nouveaux organismes; la
première entité serait responsable démettre les licences, la
seconde veillerait au respect des conditions imposées.
Certains députés ont jugé ces recommandations peu réalistes,
considérant quil était déjà trop tard. Devant ce fatalisme,
étonnant de la part de gens qui représentent le pouvoir public
canadien, les représentants du SCFP ont rapidement remis les
pendules à lheure. Non, il nest pas trop tard et
oui, il est possible et même souhaitable que le législateur
intervienne pour contrôler les forces du marché et garantir la
diversité culturelle dans ce pays. En fait, ce nest pas parce
quon sattaque à des intérêts puissants quil faut baisser les
bras! Plusieurs élus ont besoin de leçons de courage politique et
les intervenants du SCFP nont pas hésité à le leur souligner
Malgré notre scepticisme face à cet exercice, nous nous devions
dêtre présents, de mettre de lavant notre vision et nos
préoccupations, en profitant de loccasion pour secouer un peu les
puces à ce trop complaisant Comité permanent du patrimoine. Nous
avons dailleurs bien indiqué à son président, Clifford Lincoln,
que nous attendons de pied ferme les conclusions de son groupe de
travail et que ni le statu quo ni les demi-mesures ne nous
satisferont. Il est temps que nos élus prennent leurs
responsabilités, fassent leurs devoirs, et mettent les intérêts des
grands propriétaires au second plan, derrière la préservation de
notre identité, de la diversité culturelle, et du droit des
citoyens à une information diversifiée et de qualité.